𝐔𝐧 𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐩𝐨𝐢𝐠𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐜𝐡𝐚𝐦𝐩𝐢𝐨𝐧, 𝐦𝐨𝐧 𝐟𝐢𝐥𝐬 𝐚𝐢̂𝐧𝐞́ 𝐃𝐨𝐝𝐢 (𝟏𝟓 𝐚𝐧𝐬), 𝐫𝐢𝐜𝐡𝐞 𝐞𝐧 𝐞𝐧𝐬𝐞𝐢𝐠𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬, 𝐪𝐮’𝐢𝐥 𝐦’𝐚 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐬𝐞́𝐞 𝐚̀ 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐚𝐠𝐞𝐫 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐯𝐨𝐮𝐬. Maman,
Le 3 mars 2024, trois ans que tu as été brutalement éloignée de nous; c’est fou, que c’est long ! Les gens nous demandent comment nous faisons pour tenir. C’est si dur et si formateur à la fois.
Tu connais ma passion pour le basket-ball et le tennis depuis l’âge de deux ans et demi. Te souviens-tu que je te parlais souvent de Kobe Bryant, l’un des joueurs que j’admire le plus ? L’image de gauche est actuellement ma photo de profil : «si tu ne crois pas en toi, personne ne le fera à ta place»; et celle de droite représente le fond d’écran de mon ordinateur et porte ce message : «l’obsession bat le talent».
Maman, Kobe était quelqu’un de remarquable qui essayait d’enseigner aux gens à la fin de sa carrière, ce que tu m’enseignes tout le temps. L’éthique de travail et le travail acharné qui peuvent faire de n’importe qui le meilleur dans n’importe quel secteur ou domaine de la vie, indépendamment des obstacles.
Sa mort brutale en 2020 du jour au lendemain m’a surtout fait comprendre que, peu importe la valeur d’un Homme, il n’échappera jamais à la mort et il faut honorer le cadeau précieux que Dieu nous a fait en Le priant tous les jours et en étant bon afin que notre retour à Lui soit joyeux et non pas difficile.
Il est donc des joueurs qui me confortent dans ma façon d’affronter les peines de la vie comme celles que vit en ce moment notre famille. Ces joueurs ont fait que j’ai toujours continué le sport âprement en essayant d’en tirer des leçons pour m’améliorer chaque jour de ton absence, dans tous les domaines, malgré la charge émotionnelle pesante et mon amertume. Tonton m’a dit t’avoir raconté que je tape dans la balle avec colère. Je t’avoue que c’est ma discrète façon d’avoir raison de cette injustice, en plus de la prière.
En dehors de Bryant au basket, il y a Djokovic au tennis dont je suis jusqu’à présent chaque tournoi et chaque match en pensant à toi, la passionnée de tennis. Il est revenu d’une des blessures les plus graves que le corps humain puisse supporter et est devenu sans débat pour moi le meilleur tennisman de tous les temps devant Federer et Nadal. (Je sais que toi tu préfères Federer .) D’ailleurs j’ai la nostalgie de nos matchs mère-enfants où je te battais avec mon puissant coup droit et tu disais en plaisantant que c’est irrévérencieux. Je n’oublie pas toutefois tes spectaculaires revers qui te rendaient justice sur le court.
Kobe Bryant et Michael Jordan au basket ont prouvé que ce n’est pas le travail qui bat le talent. Mais qu’en revanche L’OBSESSION écrase le talent. Cette phrase m’a marqué à vie car dans le monde du basket personne ne s’attendait à revoir un joueur comme Jordan. Avant sa retraite et son dernier titre. Et pourtant !
Un jeune marchant comme Jordan, parlant comme lui, s’entraîne déjà autant que lui, et arrive en NBA directement après la terminale sans parcours universitaire. Tout ça grâce à son obsession de devenir le meilleur basketteur de tous les temps devant son idole Michael Jordan. Au point où quand il a joué contre Jordan la première fois en 1996, âgé seulement de 18 ans, il rentrait farouchement dans Michael Jordan alors que n’importe quelle personne qui croise le fer avec son idole serait complexée et ne jouerait pas trop dur contre lui. Kobe essayait déjà de prouver qu’il était fait de la même étoffe que Sa Majesté Jordan. Ce dernier l’a lui-même témoigné dans son discours à la mort de Kobe. Il n’y avait pas meilleure manière pour Kobe de gagner le respect du monument Jordan.
Tous ces sportifs là m’ont appris que quoi qu’il arrive dans la vie ou dans n’importe quel métier, sport, discipline, études, je peux être le meilleur si je travaille plus que dur. Personnellement j’ai aussi opté pour l’OBSESSION dans le travail et dans le bien.
Tu sais, au cours de certains matchs, Kobe a joué avec des blessures, il existe des vidéos le montrant avec un doigt totalement déplacé et tordu mais on l’aperçoit allant tranquillement vers son coach sans se plaindre alors que la douleur devait être intense. On lui replace son doigt à l’endroit et il retourne sur le terrain comme si de rien n’était. Parce qu’il ne voulait pas décevoir ses fans. Sa femme Vanessa Bryant l’atteste si bien. Elle explique qu’elle pleurait souvent et lui demandait d’arrêter quand il allait trop loin. Et lui répondait : «Imagine mes fans qui ont dépensé toutes leurs économies pour me voir aujourd’hui. Je me dois de jouer quoi qu’il arrive pour ces gens qui ne me reverront peut être jamais.» Elle finit en disant. «He loved you guys so much !».
C’est ainsi que malgré ma propre douleur, j’ai trouvé en moi la détermination l’an passé de bosser dur pour décrocher mon Brevet des collèges avec une mention Très Bien. Comme si de rien n’était aussi. Parce que je tenais tant à t’apporter au moins cette joie dans ces moments pénibles pour toi, pour nous. Lire ta fierté pour moi dans ton regard m’a confirmé que j’ai relevé mon défi. Et place a été aussitôt faite à d’autres défis.
Revenant à Kobe, ce côté attachant et proche de ses fans que Michael Jordan n’a pas eu après sa retraite tranquille sur son trône, il (Kobe) l’entretenait quant à lui. Il était vraiment «the people’s champ» (le champion du peuple). L’homme qui se sacrifiait tous les soirs pour ses fans. On a toujours dit de lui qu’il jouait uniquement pour lui et laissait ses coéquipiers à l’écart. On a aussi dit de lui qu’il était méchant avec ses coéquipiers, qu’il les poussait dans leurs retranchements et que c’était terrible de jouer avec lui. Tout cela est vrai. Il était probablement beaucoup trop dur avec les autres. Mais il l’était encore plus avec lui-même et ne comprenait pas que les autres ne soient pas aussi motivés que lui. À y voir de près, il nous faut composer dans la vie avec des leaders qui nous tirent vers le haut. C’est ce que je t’ai toujours vue faire avec ceux qui t’entourent.
Au final on ne peut que remercier Kobe d’avoir essayé chaque soir de marquer son nom comme le meilleur de tous les temps car même s’il n’y est pas totalement parvenu, il figure certainement dans le top 15 des meilleurs au monde et pour beaucoup dans le top 5 même. Quoi qu’il en soit, s’il avait visé plus bas dans le classement des meilleurs, il n’aurait jamais atteint cette place de 10 ème meilleur basketteur de tous les temps. On peut donc conclure sur une citation de Oscar Wilde que j’affectionne beaucoup. “Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles.”
Le meilleur exemple en est que, Kobe l’un des 10 meilleurs basketteurs de tous les temps, est également le basketteur qui a raté le plus de tirs dans sa carrière. Pas parce qu’il était mauvais mais parce qu’il se permettait de tirer tout le temps pendant 20 ans car il savait que rien ne lui était impossible étant donné qu’il s’entraînait tous les jours à opérer les tirs les plus improbables. Sans surprise il finit donc parmi les meilleurs des meilleurs au plan mondial et de manière quasi intemporelle.
Je suis heureux d’avoir une mère aussi exigeante que toi et que je comprends de mieux en mieux à travers ces joueurs qui visent toujours plus haut. C’est pour cela qu’à Noël j’ai demandé notamment des bracelets de Kobe. Ça me rappelle au quotidien de toujours donner plus que j’ai à donner et que quoi qu’il advienne, au final, peu importe ce que je ferai, je dois à tout le moins marquer les gens positivement, à l’instar de Kobe.
Car un jour je partirai vers un endroit meilleur In Shaa Allah grâce à la miséricorde de Dieu. Je vous remercie, papa et toi, de m’avoir appris très tôt à adorer travailler et aimer Dieu. Notre épreuve m’a davantage rapproché de ce Dieu bienveillant, mais qui permet parfois des souffrances pour mieux Le découvrir.
Maman, c’est ce que m’inspire ton histoire jalonnée d’obsession pour le travail bien fait, les durs labeurs et de moult sacrifices. En tout état de cause, ton nom est déjà gravé dans l’histoire de notre pays. Maman ne sois pas triste. Nous t’aimons et t’attendons In shaa Allah !
Dodi-Olakunlé
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