He Chantal Ahyi à propos du nouveau code électoral : Permettre « d’aller à l’école du  raffermissement du leadership des hommes politiques  »

Chantal AHYI. Photo Benoit KOFFI/Assemblée Nationale

Depuis l’adoption d’un nouveau code électoral intervenue le 04 mars dernier, l’opinion nationale ne cesse de manifester beaucoup d’appréhensions. Qui pour saluer les innovations apportées par les députés, innovations qui consolideraient le système partisan selon eux, qui pour dénoncer un recul démocratique. L’un des acteurs principaux dans l’adoption de ce nouveau code électoral en l’occurrence la députée du Bloc Républicain Chantal Ahyi a voulu apporter des éclaircissements quant aux atouts majeurs de ce texte dans le processus démocratique de notre pays. Voici en intégralité l’interview qu’elle a accordé à votre journal.

Vous avez participé à l’adoption d’un nouveau code électoral il y a quelques jours. Avant ce vote, il y a eu l’échec de la révision de la constitution. Comment avez vous ressenti cet échec ?

Par rapport à l’échec de la révision de la constitution, je n’ai pas de ressenti particulier à avoir. C’est clair que nous avons l’impression d’une œuvre inachevée. Et surtout quand on comprend pourquoi. comme je ne cesse de le dire, nous sommes installés dans une approche de consensus où tous les avis sont très importants. Tous les avis comptent. Il est clair pour nous qu’il est utile de mutualiser toutes les énergies. Donc on va dire que le compte n’y était pas. Je ne vous apprend rien que dans la salle, il nous fallait 82 voix pour que cette proposition de loi puisse passer. Cela n’a pu être possible et donc il n’y a pas de ressenti à avoir. C’est un point d’étape qui est fait. On continue le travail. La preuve, nous avons travaillé à répondre à l’injonction de la cour constitutionnelle. Ce qui a donné naissance au nouveau code électoral qui fait l’actualité.

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Aujourd’hui, le Bénin dispose d’un nouveau code voté presque à l’unanimité par la majorité présidentielle et rejeté par l’opposition ? Est ce pour vous une revanche que vous avez prise contre vos adversaires ?

Alors pour être tout à fait simple dans mon intervention, pour nous, l’opposition n’est pas forcément un adversaire. L’opposition est une position politique qui anime le débat politique, qui participe à sa façon dans l’assurance de la position qui est la sienne, qui participe à sa façon à la clarté du débat politique sur le terrain. Donc on ne saurait légiférer pour ou contre une formation politique fut-elle de l’opposition. Donc je voudrais par votre truchement gommer le terme adversaire. Lorsque nous serons sur le terrain des élections nous pouvons parler d’adversaire. Mais là, nous sommes dans la gestion du pouvoir que nous avant conquis. Chacun est dans son rôle à l’hémicycle et toujours pour le bonheur des citoyens.

Aujourd’hui donc ce nouveau code électoral a été voté par la majorité présidentielle. Quels sont vos sentiments ?

Notre sentiment aujourd’hui après le vote de ce code, c’est celui du devoir accompli. C’est surtout la prise de responsabilité. C’est surtout l’affirmation, l’engagement clair que nous les acteurs politiques avons hésité pendant les décennies passées, à prendre vis-à-vis des populations. C’est un engagement clair que nous prenons à travers ce code. Et donc mon sentiment il est clair.

Quels sont les points positifs selon vous de ce nouveau code électoral ?

Je ne saurais parler de points positifs. Tout était utile à revoir et à organiser. Tous les amendements que nous avons dû apporter à l’ancien code étaient importants pour encadrer l’offre politique. Si je prends par exemple l’amendement qui réorganise le parrainage, le parrainage qui est passé à 15 % de parrains pour un duo qui se présente à un présidentiel. Les 15% qui sont issus des 3/5 des circonscriptions électorales, c’est normal. L’encadrement qui est fait autour du parrainage est essentiel. Nous aurons désormais des candidats aux élections législatives qui savent en leur âme et conscience pourquoi ils lèvent le doigt pour représenter le peuple à l’hémicycle. Quant aux élus municipaux, ils comprendront la responsabilité qui sera la leur.

Je prends par exemple le seuil d’éligibilité à l’attribution de siège à l’élection législative. Les 20% qu’il faille réaliser dans sa circonscription avant d’être éligible à l’attribution d’un siège de député, c’est normal. C’est un nouveau paradigme. On peut en avoir peur, c’est normal et que ça nous pousse à raffermir nos liens, le lien entre le militant, l’électeur, entre les populations et leurs élus. À vraiment instaurer un climat de confiance. C’est un contrat que cet amendement nous amène à avoir avec les militants. Donc ce n’est pas un seuil infranchissable. Mais ça demande du travail, une présence continue sur le terrain et une meilleure appréciation des attentes des communautés, des populations. Cette fois-ci on s’est dotée de boussole.

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De nombreuses voix s’élèvent contre ce nouveau code et expriment leurs inquiétudes face à une possible exclusion de l’opposition. Elles préviennent aussi d’une possible crise politique aux prochaines élections générales de 2026. Qu’est-ce que vous leur répondez ?

Les voix qui s’élèvent contre la modification du code électoral, c’est normal chacun est dans son rôle. Ce qui pourrait être anormal c’est d’appeler à de mauvaise augure sur notre pays. La fierté d’appartenir à notre pays nous indique de nous asseoir et de toujours œuvrer pour le consensus. La mouvance, l’opposition et même les sans parti, personne n’a intérêt à appeler à de mauvaise augure sur notre pays.

Nous allons tous travailler dans une démarche consensuelle à la rendre crédible, l’expliquer aux populations sans intoxication. C’est ce que nous devons à la postérité. C’est ce que nous devons à nos enfants, aux générations qui viennent qui nous regardent et qui nous prennent en exemple. Dire que ça va faire le lit à une crise éventuelle pendant les élections générales qui arrivent, nous n’y avons pas intérêt. Nous ferons tout en tant qu’acteur politique de la mouvance comme de l’opposition pour que notre responsabilité ne soit pas engagée dans une nouvelle crise électorale même si nous exprimons des mécontentements. C’est normal que l’opposition veuille faire croire qu’elle ne trouve pas son compte. Plusieurs de leurs amendements ont été prises en compte. L’étude de cette loi a été faite de façon transparente.

Quel est votre message au peuple béninois ?

Mon message va à l’endroit d’abord de vous les médias, de la reconnaissance du travail que vous abattez. De l’accompagnement et l’arbitrage que vous faites entre les différents acteurs autour de cette actualité politique. Je voudrais vous encourager à continuer à éclairer la lanterne des populations en même temps à nous rappeler quelques faits qui nous permettrons de mieux nous expliquer et de mieux nous situer par rapport à nos actions. Ensuite, je voudrais à l’endroit des populations juste demander que nous gardions une position de pleine sérénité. Cela est extrêmement important pour la suite du développement de notre pays, si nous voulons être des acteurs pleins de ce développement, des facteurs clés de la gouvernance de notre pays. En tant que populations, il nous faut savoir lire les différentes intentions de nos acteurs sur le terrain.

Je rassure les populations que l’étude de la modification de ce code électoral l’est pour la postérité. La modification de ce code électoral l’est pour la crédibilité du processus électoral. Pour permettre aux acteurs à qui les populations accordent leurs suffrages d’être en pleine responsabilité face aux populations. D’aller à l’école du raffermissement de leur leadership pour permettre aux hommes politiques d’assumer leur choix politique.

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