Le panafricaniste de gauche Bassirou Diomaye Faye est officiellement installé dans ses fonctions de 5ème président de la République du Sénégal. Il devient le plus jeune président du pays depuis l’indépendance en 1960. L’un des chantiers sur lesquels les Sénégalais et toute l’Afrique attend le nouvel homme fort du pays est ce que lui-même appelle la souveraineté.
« Souveraineté », c’est le mot qui est revenu le plus souvent dans les discours de Bassirou Diomaye Faye ces derniers jours. Dans son programme politique de 80 pages, le mot souveraineté apparait 18 fois. Dans une brève allocution, après sa prestation de serment, le président Faye s’est dit conscient que sa large victoire dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars exprimait un profond désir de changement systémique.
En effet, le programme du président Faye dit son intention de renégocier ou de reconsidérer les contrats passés avec des compagnies étrangères pour l’exploitation du pétrole et du gaz qui devrait commencer cette année, ainsi que les accords miniers et de pêche pour en « maximiser les revenus ». Plusieurs fois retardée, la mise en service de ces gisements sénégalais en mer devrait être effective d’ici quelques mois. Actuellement, le britannique BP, qui détient 61 % du gisement gazier de Grande Tortue Ahmeyim, et l’australien Woodside, 82 % du gisement pétrolier de Sangomar, se partagent une partie de cette manne. L’entreprise publique sénégalaise Petrosen est également impliquée. On comprend alors tout le sens de l’appel du président Faye à une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive lancé à l’endroit de la communauté internationale.
Le franc CFA en question
Sujet polémique ces dernières années en Afrique de l’Ouest, la question de la fin du franc CFA a été plusieurs fois remise sur le devant de la scène par le chef de l’opposition Ousmane Sonko, et figurait en bonne place dans les discours de campagne du président Bassirou Diomaye Faye. Condition sine qua non, selon eux, à la souveraineté économique du pays, qui ne peut exister sans « souveraineté monétaire ». Idée partagée par le N° 2 du régime qui pense que le franc Cfa ne répond plus aux aspirations économiques et aux impératifs de développement de l’Afrique de l’Ouest. Mais, il ajoute que toutes les démarches seront faites au niveau sous régional. Mais lorsque les lignes ne bougeront pas, le Sénégal prendra ses responsabilités selon Ousmane Sonko. Sur le sujet, les avis des économistes varient. Si certains regrettent que le franc CFA pénalise les exportations, en raison de son taux de change élevé arrimé à l’euro, d’autres craignent une déstabilisation économique du pays.
Les organisations sous régionales
Bassirou Diomaye Faye veut œuvrer au retour, dans la Communauté des États ouest-africains Cedeao, du Burkina Faso, du Mali et du Niger, pays sahéliens confrontés au terrorisme et dirigés par des juntes qui ont rompu avec la France et se sont constitués en alliance des Etats du Sahel. Les régimes du Mali, du Burkina et du Niger ont envoyé leurs représentants à Dakar, lors de l’investiture du nouveau président sénégalais. Le président guinéen, le général Mamadi Doumbouya quant à lui a répondu présent à la cérémonie de prestation de serment du nouveau président Bassirou Diomaye Faye.
Le chef du régime militaire burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a félicité Bassirou Diomaye Faye, « symbole d’une nouvelle ère pour une Afrique décomplexée, libre et souveraine ». Il a dit être prêt à œuvrer avec lui à « la rénovation de la coopération sous-régionale et internationale ». Cette ambition, le président Bassirou Diomaye Faye l’a également affichée dans son premier discours prononcé juste au lendemain de son élection. Pour lui il faut renforcer la coopération sous régionale en corrigeant les faiblesses.
Bassirou Diomaye Faye, haut fonctionnaire de l’administration des impôts, qui a gravi discrètement les échelons dans l’ombre d’Ousmane Sonko, a énoncé la baisse du coût de la vie, la lutte contre la corruption et la réconciliation nationale comme des priorités. La promesse de la rupture, l’onction du populaire Ousmane Sonko, présent aux premiers rangs mardi, et l’apparente humilité de cette personnalité issue d’un milieu modeste et éduqué ainsi que son admiration pour l’ex-président américain Barack Obama et le héros sud-africain de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela, font de lui l’incarnation d’une nouvelle génération de politiciens.
Laisser un commentaire