Le Sahel assiste à l’émergence d’un nouveau bloc géopolitique avec la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui marque une rupture significative avec la France et la CEDEAO. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, trois anciennes colonies françaises, ont non seulement tourné le dos à Paris mais se sont également éloignés de l’influence occidentale en se rapprochant de Moscou. Cette décision stratégique a été consolidée par leur sortie de la CEDEAO, une organisation qu’ils considèrent comme étant sous influence française. Ces changements ont posé les fondations de l’AES, dont l’ambition est renforcée par le projet de création d’une Confédération, envisagée pour renforcer la coopération sécuritaire et économique entre les membres.
Récemment, une réunion clé a eu lieu à Niamey, capitale du Niger, réunissant les ministres des Affaires étrangères des trois pays. L’objectif était de finaliser le projet de texte relatif à l’institutionnalisation et à l’opérationnalisation de la future Confédération de l’AES. Ce projet, qui reste confidentiel, doit être présenté pour adoption lors d’un prochain sommet des chefs d’État des pays membres, bien que la date de ce sommet n’ait pas encore été annoncée.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a fait une déclaration significative à Niamey, affirmant que « la Confédération de l’Alliance des États du Sahel est née ». Cette annonce illustre la détermination des trois États à formaliser leur alliance dans un cadre institutionnel plus solide, signalant ainsi un changement profond dans la dynamique régionale du Sahel.
Cette nouvelle configuration géopolitique intervient dans un contexte de sécurité précaire, caractérisé par des attaques djihadistes récurrentes dans la région du Liptako-Gourma, qui couvre l’espace géographique de l’AES. La création de la Confédération pourrait donc être une réponse à la nécessité d’une coopération militaire et sécuritaire plus étroite entre les pays membres, dans le but de stabiliser la région.
En outre, le passage de la sphère d’influence française à celle de la Russie constitue un pivot majeur pour les pays de l’AES. Ce rapprochement avec Moscou pourrait redéfinir non seulement les alliances militaires mais aussi les accords économiques et les sources de financement pour le développement régional, éloignant ainsi ces pays de leur ancien métropole colonial.
La Confédération de l’AES symbolise un tournant décisif pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger. En cherchant à renforcer leur autonomie et en établissant de nouvelles alliances, ces nations espèrent sécuriser et dynamiser leur avenir dans une région marquée par des défis constants mais aussi par un potentiel de coopération et de développement considérable.
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