Gazoduc du Nigeria: les deux rivaux du Maghreb en ordre de bataille

Photo de Quinten de Graaf sur Unsplash

Le projet de gazoduc transsaharien reliant le Nigeria à l’Europe est au centre d’une intense rivalité entre deux nations du Maghreb : l’Algérie et le Maroc. Ce projet vise à transporter le gaz naturel des vastes réserves nigérianes vers les marchés européens, et deux routes distinctes sont en compétition. L’Algérie propose un tracé via le Niger et son propre territoire, tandis que le Maroc envisage un parcours plus long qui traverserait plusieurs autres nations africaines avant d’atteindre l’Europe.

L’Algérie, par la voix de son ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a récemment réaffirmé son engagement à faire avancer le projet du gazoduc transsaharien. Lors du Forum international « Vers le sud » à Sorrente, en Italie, M. Arkab a souligné que ce gazoduc jouerait un rôle crucial dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe. En plus d’améliorer la sécurité énergétique de la région méditerranéenne, le projet est destiné à stimuler le développement socioéconomique des pays traversés, notamment grâce à leur raccordement au réseau gazier algérien.

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Le Maroc, de son côté, manifeste clairement son ambition énergétique avec le projet de gazoduc Nigeria-Maroc. Cette initiative vise à relier les réserves de gaz du Nigeria à l’Europe en passant par le royaume chérifien, dans un tracé qui inclut plusieurs autres nations africaines. Ce parcours plus long pourrait accroître l’influence géopolitique du Maroc, malgré des coûts et une durée de réalisation plus élevés par rapport au projet algérien.

Les deux projets se trouvent donc en compétition directe, chaque pays cherchant à établir son propre corridor énergétique vers l’Europe. Le Maroc a récemment franchi des étapes importantes dans le développement de son projet, avec le lancement des premières études topographiques sur le segment nord du gazoduc par le cabinet marocain Etafat. Ces études, cruciales pour définir le tracé optimal du pipeline, sont prévues pour se terminer au printemps 2025 et doivent surmonter divers défis géophysiques et géotechniques.

L’Algérie, en parallèle, ne se contente pas seulement du gaz naturel mais explore également le transport d’hydrogène renouvelable vers l’Europe via le Corridor sud H2. Ce projet ambitieux nécessite des partenariats solides entre les secteurs public et privé pour développer les infrastructures nécessaires à la production, au stockage et au transport de l’hydrogène. La détermination de l’Algérie à devenir un leader dans ce domaine reflète ses vastes capacités et ressources énergétiques.

Au niveau régional, l’Algérie et le Maroc cherchent tous deux à consolider leur rôle en tant que pôles énergétiques en Afrique du Nord. En investissant dans des infrastructures clés comme les gazoducs et les corridors énergétiques, ces deux nations visent à diversifier leurs liens économiques et à renforcer leur stabilité énergétique face aux fluctuations du marché global. Cette rivalité pourrait toutefois aboutir à une complémentarité bénéfique pour la région, si une coopération efficace était mise en place.

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Enfin, la décision finale d’investissement pour le gazoduc Nigeria-Maroc est attendue pour décembre 2024. Si approuvé, ce pipeline de 5.600 km de long, d’un coût estimé à 25 milliards de dollars, traversera 13 pays avant d’atteindre le Maroc et de se connecter au réseau gazier européen via le Gazoduc Maghreb-Europe. Ce projet, s’il est mené à bien, pourrait transformer la dynamique énergétique de la région et positionner le Maroc comme un pivot essentiel entre l’Afrique et l’Europe.

Une réponse

  1. Avatar de Le baikal
    Le baikal

    Plus long, plus cher, c’est le projet marocain qui sera retenu. Le jeu de coulisse marocain, comme de coutume, est plus fertile que le standby Algerie.
    En ce pays la corruption est drastique.

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