Le Maghreb, et en particulier le Maroc, s’est affirmé comme un géant de l’exportation de fruits et légumes vers l’Europe. Sa position stratégique, conjuguée à des investissements substantiels dans l’agriculture, lui permet de jouer un rôle prépondérant sur le marché européen. Grâce à des initiatives telles que des subventions considérables allant de 3 600 à 6 300 euros par hectare et des mesures de soutien à la production de fertilisants, le Maroc a significativement augmenté ses exportations, notamment de tomates, d’oignons et de pommes de terre.
Toutefois, cette montée en puissance suscite une vive réaction en Espagne, où les agriculteurs dénoncent les accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Maroc. Selon eux, ces accords permettent une importation massive et peu régulée de produits agricoles marocains sur le marché communautaire, menaçant ainsi la viabilité de l’agriculture espagnole. Les producteurs espagnols soulignent notamment l’absence de contrôles sanitaires rigoureux sur les produits entrants, ce qui soulève des préoccupations concernant la qualité des importations.
Le déséquilibre est particulièrement palpable dans le secteur de la tomate. Alors que le Maroc renforce ses aides aux exportations agricoles, l’Espagne voit une réduction prévue de 21,5 % de la superficie cultivée et de 22 % de la production de tomates fraîches d’ici 2035. Cette situation est exacerbée par la politique de l’UE qui, selon les agriculteurs espagnols, semble ne pas prendre les mesures adéquates pour protéger les intérêts nationaux et communautaires. Ils accusent l’Union de favoriser un dumping commercial qui met en péril la production domestique.
En parallèle, le secteur des pastèques illustre également cette concurrence exacerbée. Les statistiques montrent un doublement des exportations de pastèques du Maroc vers l’UE au cours des cinq dernières années, tandis que l’Espagne enregistre une baisse de près de 20 %. Malgré cette diminution, l’Espagne demeurait en 2023 le premier fournisseur de pastèques de l’UE, mais avec une avance réduite face à une concurrence marocaine de plus en plus affûtée.
Les conséquences de ces dynamiques sont multiples. D’une part, elles menacent la stabilité économique des agriculteurs espagnols qui subissent une pression croissante sur les prix et les volumes de production. D’autre part, elles posent un défi majeur en termes de politique agricole pour l’UE, qui doit équilibrer les intérêts de ses membres tout en respectant ses engagements commerciaux internationaux. À long terme, l’Union européenne pourrait devoir reconsidérer ses politiques pour prévenir une érosion de la compétitivité de ses agriculteurs et assurer une concurrence équitable sur son marché.
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