À Tunis, une soixantaine de militants LGBT+ se sont rassemblés mercredi pour revendiquer la décriminalisation de l’homosexualité. Ce rassemblement, qui a eu lieu devant la cour d’appel de Tunis, coïncide avec la journée mondiale de lutte contre la torture et intervient dans un contexte où deux membres de la communauté ont été récemment condamnés à deux ans d’emprisonnement en vertu de l’article 230 du code pénal tunisien.
L’article 230, qui date de l’époque coloniale française et n’a pas été modifié depuis l’indépendance de la Tunisie en 1956, prévoit des peines allant jusqu’à trois ans de prison pour les actes d’homosexualité masculine et féminine constatés en flagrant délit. Ce texte impose également des tests anaux, largement condamnés par la communauté internationale comme étant une forme de torture. Malgré les engagements pris par la Tunisie en 2017 devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour mettre fin à cette pratique, les rapports indiquent que celle-ci se poursuit.
Durant la manifestation, les slogans tels que «À bas le test anal, à bas les lois coloniales» ont résonné, témoignant du combat des militants contre ces pratiques jugées archaïques et inhumaines. Ces paroles mettent en lumière non seulement le combat contre des lois dépassées mais aussi contre des procédés dégradants et déshumanisants.
En parallèle, plusieurs ONG locales ont intensifié leur pression sur les autorités tunisiennes. Le 21 juin, un communiqué exigeait la libération immédiate des deux personnes condamnées et l’abrogation de l’article controversé. Badr Baabou, président d’honneur et cofondateur de l’association tunisienne DAMJ pour la justice et l’égalité, a souligné l’importance de traiter tous les citoyens avec équité et respect, affirmant que les membres de la communauté LGBT+ ne devraient pas être considérés comme des citoyens de seconde zone.
Cependant, le président tunisien Kaïs Saied, au pouvoir depuis son coup de force en juillet 2021, a exprimé son opposition à la décriminalisation de l’homosexualité tout en se prononçant contre les incarcérations pour de tels motifs. Ce positionnement soulève des questions sur la volonté réelle du gouvernement de progresser vers une plus grande acceptation et protection des droits des homosexuels en Tunisie.
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