Le continent africain, berceau du café, continue de jouer un rôle prépondérant dans l’industrie mondiale de l’or noir. Bien que l’Éthiopie soit reconnue comme le lieu de naissance du café, c’est l’Ouganda qui se distingue aujourd’hui comme le premier exportateur africain. Le pays est suivi de près par l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire et le Kenya, formant ainsi un quatuor de titans qui dominent la production caféière sur le continent. Cette prééminence africaine s’explique par des conditions climatiques idéales, des terres fertiles et un savoir-faire ancestral qui se perpétue de génération en génération.
L’année 2024 marque un tournant exceptionnel pour l’industrie caféière ougandaise. Le pays, réputé pour son robusta qui représente plus de 80% de sa production, vient d’enregistrer des performances financières historiques. Avec des recettes atteignant 1,14 milliard de dollars pour l’exercice fiscal 2023/2024, l’Ouganda pulvérise son propre record, affichant une croissance vertigineuse de 35,3% par rapport à l’année précédente.
Cette réussite spectaculaire s’apparente à une parfaite tempête économique, où plusieurs facteurs favorables se sont alignés. D’une part, les exportations ont connu une augmentation significative en volume, atteignant 6,13 millions de sacs, soit l’équivalent de 367 800 tonnes de café. D’autre part, les cours mondiaux du café, particulièrement ceux du robusta, ont atteint des sommets vertigineux. Le prix indicatif composite du robusta a grimpé à 1,93 dollar la livre en avril 2024, un niveau inégalé depuis près d’un demi-siècle.
Cette flambée des prix rappelle l’euphorie des marchés pétroliers lors des chocs pétroliers. Tout comme l’or noir, le café ougandais est devenu une denrée précieuse, son cours ayant bondi de 49% sur les marchés londoniens en seulement quelques mois. Cette analogie souligne l’importance stratégique du café pour l’économie ougandaise, comparable à celle du pétrole pour certains pays producteurs.
L’Union européenne demeure le principal débouché pour le café ougandais, absorbant plus de 70% des exportations. Cette dépendance envers le marché européen pourrait être comparée à celle d’un artiste dont le succès repose principalement sur un public fidèle. Cependant, l’Ouganda diversifie progressivement ses destinations d’exportation, avec les États-Unis, le Maroc, l’Inde et la Serbie qui émergent comme des marchés prometteurs.
Cette réussite ougandaise soulève des questions plus larges sur le développement économique africain. Le succès de la filière café pourrait-il servir de modèle pour d’autres secteurs agricoles du continent ? Comment l’Ouganda peut-il capitaliser sur cette manne pour diversifier son économie et réduire sa dépendance aux exportations de matières premières ?
Le triomphe de l’Ouganda sur le marché mondial du café en 2024 est plus qu’une simple réussite économique. C’est le témoignage du potentiel agricole de l’Afrique et de sa capacité à s’imposer sur la scène internationale. Alors que le continent cherche à redéfinir sa place dans l’économie mondiale, l’exemple ougandais pourrait bien être le prélude à une renaissance agricole africaine, où tradition et innovation se marient pour créer une valeur durable.
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