Depuis plus de deux décennies, l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) joue un rôle crucial dans le renforcement des liens commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne. Ce programme, véritable pont économique transatlantique, offre à une quarantaine de pays africains un accès privilégié au marché américain pour plus de 1700 produits, en plus des 5000 déjà couverts par le système généralisé de préférences.
Le récent rapport du Bureau de la représentante au Commerce des États-Unis jette un nouvel éclairage sur les retombées de l’AGOA en 2023. Avec des importations s’élevant à 9,7 milliards de dollars, le programme continue de stimuler les échanges, malgré une légère baisse de 5% par rapport à l’année précédente. Cette fluctuation rappelle que le commerce international est semblable à une mer parfois agitée, où les courants économiques peuvent influencer le cap des navires marchands.
Dans ce paysage commercial, deux géants africains se démarquent : le Nigeria et l’Afrique du Sud. Tels deux phares guidant le commerce afro-américain, ces pays ont respectivement exporté pour 3,8 et 3,6 milliards de dollars vers les États-Unis en 2023. Le Nigeria, avec son or noir, et l’Afrique du Sud, grâce à sa diversité industrielle, illustrent les différentes voies de développement économique sur le continent.
L’or noir nigérian continue de dominer les échanges, représentant près de la moitié des importations américaines dans le cadre de l’AGOA. Cependant, au-delà de cette manne pétrolière, d’autres secteurs émergent, tissant une toile commerciale plus diversifiée. Le textile et l’habillement, avec 1,1 milliard de dollars d’exportations, et l’agriculture, dépassant les 900 millions, montrent que l’Afrique n’est pas qu’un réservoir de ressources naturelles, mais aussi un atelier et un grenier pour le marché américain.
Cette diversification est particulièrement visible dans le cas de l’Afrique du Sud. Du Cap à Pretoria, le pays arc-en-ciel exporte une palette variée de produits, allant des véhicules aux bijoux, en passant par les agrumes. Cette variété témoigne d’une économie mature, capable de se positionner sur des segments à plus forte valeur ajoutée.
Derrière ces deux locomotives, d’autres pays africains tirent leur épingle du jeu. Le Kenya, le Ghana, Madagascar et l’Angola complètent le top 6 des bénéficiaires de l’AGOA, chacun exportant pour plus de 250 millions de dollars. Ces chiffres, bien qu’inférieurs à ceux des deux premiers, représentent des opportunités significatives pour ces économies en développement.
L’AGOA, cependant, n’est pas un simple chèque en blanc. Chaque année, Washington réévalue l’éligibilité des pays, tenant compte de critères économiques et politiques. Cette approche, mêlant commerce et gouvernance, vise à encourager non seulement la croissance économique, mais aussi le développement démocratique et social.
Alors que l’échéance de 2025 se profile pour l’AGOA, un débat s’est engagé sur son avenir. D’un côté, plusieurs pays africains et certains législateurs américains plaident pour une prolongation de dix ans sans modification, arguant que la stabilité est essentielle pour attirer les investissements. De l’autre, des voix s’élèvent pour une révision du programme, voire son remplacement, afin de l’adapter aux réalités économiques actuelles.
Ce débat sur l’avenir de l’AGOA reflète les défis plus larges du partenariat économique afro-américain. Comment équilibrer continuité et adaptation ? Comment s’assurer que les bénéfices du commerce soient largement partagés, au-delà des secteurs traditionnels et des principaux pays exportateurs ?
L’AGOA, au-delà des chiffres, représente une vision du développement par le commerce. Vingt-quatre ans après son lancement, le programme a contribué à tisser des liens économiques durables entre les États-Unis et l’Afrique. Qu’il soit renouvelé, révisé ou remplacé, l’esprit de l’AGOA – celui d’un partenariat mutuellement bénéfique – devra perdurer pour répondre aux aspirations d’un continent en pleine transformation.
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