Agriculture au Maghreb: l’Espagne s’allie à un pays pour un projet spécial

Photo d'illustration

L’Afrique, berceau de l’humanité, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins agricoles. Alors que le continent fait face à des défis colossaux tels que la croissance démographique, le changement climatique et l’insécurité alimentaire, ses dirigeants multiplient les initiatives pour moderniser et dynamiser le secteur agricole. Des programmes de mécanisation à grande échelle aux investissements dans la recherche agronomique, en passant par la promotion de l’agro-écologie, les gouvernements africains déploient un éventail de stratégies pour nourrir leurs populations et stimuler leurs économies rurales.

C’est dans ce contexte de quête d’innovation agricole que le Maroc et l’Espagne viennent de franchir un pas décisif. Les deux pays voisins, séparés par le détroit de Gibraltar mais unis par une histoire commune, ont décidé de joindre leurs forces dans un projet ambitieux baptisé « Agriculture 2.0 ». Cette initiative, véritable pont technologique entre l’Europe et l’Afrique, promet de révolutionner les pratiques agricoles au Maghreb en misant sur le mariage entre énergies renouvelables et irrigation de précision.

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Au cœur de ce partenariat se trouve un consortium d’acteurs de renom des deux côtés de la Méditerranée. Côté marocain, on retrouve l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN), le Green Energy Park (GEP), la Fondation marocaine pour la science, l’innovation et la recherche (MAScIR) et les Domaines agricoles du Maroc. L’Espagne, quant à elle, apporte l’expertise de l’Institut technologique des Canaries (ITC) et du cabinet de conseil en environnement Elittoral. Cette alliance hispano-marocaine, telle une oasis de coopération dans le désert des tensions géopolitiques, incarne l’esprit de l’initiative « Inno Espa Maroc Energy ».

Le projet « Agriculture 2.0 » se décline en cinq axes majeurs, aussi ambitieux les uns que les autres. Il s’agit tout d’abord de concevoir un modèle économique pérenne, offrant aux agriculteurs des services novateurs. Imaginez un agriculteur marocain consultant sur son smartphone des recommandations d’irrigation personnalisées, basées sur l’analyse en temps réel de ses cultures par des drones équipés de caméras hyperspectrales. C’est précisément le type d’innovation que vise le deuxième axe du projet, en exploitant le potentiel du traitement d’images de pointe pour optimiser l’irrigation solaire.

Le troisième volet du projet s’attaque à l’épineux problème de la gestion des ressources. Dans un pays comme le Maroc, où chaque goutte d’eau compte, le développement d’outils logiciels pour rationaliser l’usage de l’eau et maximiser l’apport des énergies renouvelables apparaît comme une nécessité vitale. Ces efforts se concrétisent dans le quatrième axe, avec l’implémentation d’équipements de pointe tels que des onduleurs solaires et des instruments spécialisés. Enfin, le cinquième objectif vise à doter le secteur agricole marocain d’outils de dimensionnement et de simulation adaptés à ses spécificités, permettant une gestion intelligente et sur mesure des ressources hydriques.

La pièce maîtresse de cette révolution agricole est sans conteste le système de pompage d’eau « hors réseau » développé par l’IRESEN et le GEP. Tel un îlot d’autonomie énergétique au milieu des champs, ce système fonctionne en totale indépendance du réseau électrique national, puisant sa force dans le soleil abondant du Maghreb. Avec ses 13,92 KWc de panneaux solaires et ses 20,16 kWh de stockage sur batteries, cette installation est capable de produire annuellement 17.172 kWh d’énergie propre, équivalant à la plantation de 518 arbres en termes de CO2 évité.

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Depuis avril 2024, ce système pionnier irrigue les cultures marocaines avec une énergie 100% verte, marquant un tournant décisif vers une agriculture durable. C’est comme si chaque goutte d’eau pompée portait en elle la promesse d’un avenir plus vert pour le Maghreb.

Le projet « Agriculture 2.0 » va bien au-delà d’une simple amélioration technique. Il incarne une vision holistique de l’agriculture de demain, où la technologie se met au service de la durabilité. En combinant l’expertise espagnole en matière d’énergies renouvelables et le savoir-faire marocain en agriculture, cette initiative ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération nord-sud dans le bassin méditerranéen.

Les implications de ce projet dépassent largement les frontières du Maroc et de l’Espagne. Il pourrait servir de modèle pour d’autres pays africains confrontés à des défis similaires de gestion de l’eau et de transition énergétique. Plus encore, il démontre que la lutte contre le changement climatique et la quête de sécurité alimentaire peuvent aller de pair, créant des synergies positives pour l’environnement et l’économie.

Alors que le soleil se lève sur les champs du Maghreb, il éclaire désormais non seulement les cultures mais aussi l’espoir d’une agriculture plus intelligente, plus verte et plus résiliente. Le projet « Agriculture 2.0 » n’est pas seulement une alliance entre deux pays, c’est un pont vers l’avenir de l’agriculture africaine, un futur où la technologie et la nature travaillent main dans la main pour nourrir les générations à venir.

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