La Banque mondiale, institution financière internationale créée en 1944, joue un rôle crucial dans l’évaluation et le soutien du développement économique mondial. Son classement annuel des pays par niveau de revenu est un baromètre économique influent, scruté de près par les gouvernements et les investisseurs. Dans un contexte de tensions persistantes entre l’Algérie et le Maroc, notamment autour de la question du Sahara occidental, ce classement prend une dimension géopolitique particulière au Maghreb. Les deux pays rivalisent pour attirer les investissements et affirmer leur leadership régional, chaque indicateur économique devenant un enjeu de prestige et d’influence.
L’Algérie franchit un cap économique majeur
Le rapport 2024 de la Banque mondiale marque un tournant pour l’Algérie, qui rejoint le club restreint des pays à revenu intermédiaire supérieur. Cette ascension économique, fruit d’une stratégie de développement ambitieuse, place le pays dans la même catégorie que des puissances émergentes telles que la Chine, le Brésil ou la Turquie. Avec un revenu par habitant désormais situé entre 4 156 et 14 005 dollars, l’Algérie se démarque nettement de ses voisins maghrébins, le Maroc et la Tunisie, qui demeurent dans la catégorie inférieure.
Cette progression n’est pas le simple fruit d’une croissance économique, bien que celle-ci ait atteint un respectable 4,1% en 2023. Elle résulte également d’une modernisation en profondeur des méthodes statistiques, permettant une évaluation plus précise du PIB et une meilleure prise en compte de l’économie informelle. Cette démarche de transparence et d’exactitude dans la mesure de la richesse nationale a été saluée par Kamel Braham, représentant de la Banque mondiale en Algérie, comme un pas crucial vers des politiques économiques mieux ciblées.
Un continent en mouvement : contrastes et défis
Sur le continent africain, l’Algérie n’est pas seule dans cette catégorie enviée. Elle y rejoint cinq autres nations : le Gabon, la Libye, l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie. Cette répartition dessine une carte économique contrastée de l’Afrique, où coexistent des îlots de prospérité relative et de vastes zones de pauvreté persistante. Elle souligne également les défis auxquels font face les pays cherchant à s’extraire de la catégorie des revenus intermédiaires inférieurs, un groupe qui inclut encore de nombreuses économies africaines en développement.
L’ambition affichée par le président Abdelmadjid Tebboune de porter le PIB algérien à plus de 400 milliards de dollars d’ici 2027 témoigne d’une volonté de consolider cette nouvelle position et de réduire l’écart avec les économies les plus avancées. Cependant, cette croissance devra être inclusive et durable pour éviter les écueils du « piège du revenu intermédiaire », où le développement s’essouffle faute de nouvelles sources de croissance et d’innovation.
La transition énergétique, un atout pour l’avenir
Au-delà des chiffres de croissance, la Banque mondiale met en lumière les progrès de l’Algérie dans des domaines cruciaux pour son développement à long terme. Le pays s’est notamment distingué par ses efforts en matière de réduction du torchage de gaz, enregistrant la plus importante baisse mondiale en 2023. Cette avancée environnementale s’inscrit dans une stratégie plus large de transition énergétique, soutenue par un partenariat avec la Banque mondiale pour le développement des énergies renouvelables, en particulier l’éolien.
Cette orientation vers une économie plus verte et résiliente face au changement climatique pourrait constituer un avantage compétitif majeur pour l’Algérie dans les années à venir. Elle répond non seulement aux impératifs environnementaux globaux, mais aussi aux défis spécifiques du pays en matière de gestion des risques naturels tels que les inondations, les séismes et les feux de forêt.
L’ascension de l’Algérie dans le classement de la Banque mondiale marque ainsi une étape importante dans son développement économique. Elle reflète les efforts entrepris pour diversifier l’économie, moderniser les infrastructures et améliorer la gouvernance. Cependant, le maintien de cette dynamique positive nécessitera des investissements continus dans le capital humain, l’innovation et la durabilité environnementale. Dans un contexte régional marqué par la compétition économique et les tensions diplomatiques, le défi pour l’Algérie sera de transformer cette reconnaissance internationale en bénéfices tangibles pour sa population et en levier d’influence positive dans la région.
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