La présence militaire française en Afrique, héritage de l’ère coloniale, demeure un sujet de controverse. Ces dernières années, plusieurs pays africains ont remis en question cette présence, certains allant jusqu’à exiger le départ des troupes françaises, comme au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Dans ce contexte, le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, aborde la question des bases françaises sur son territoire avec une approche qui diffère de la rhétorique employée durant sa campagne électorale.
Élu en mars 2024 sur la promesse d’un changement radical, Diomaye Faye adopte désormais un discours plus nuancé. Il déclare vouloir discuter de la présence militaire française « en toute sérénité » et « sans rupture brutale« , une position qui contraste avec les attentes d’une partie de son électorat. Cette attitude soulève des questions sur l’équilibre entre les promesses électorales et les réalités du pouvoir.
Le président sénégalais évoque la nécessité de discussions « en toute amitié » avec la France, une formulation qui peut être interprétée de diverses manières. Certains y verront une approche diplomatique prudente, d’autres pourraient y percevoir une réticence à concrétiser les engagements de campagne.
Pendant ce temps, la France a déjà amorcé une réduction de sa présence militaire au Sénégal. D’environ 350 soldats, l’effectif devrait passer à une centaine. Cette évolution s’inscrit dans une stratégie plus large de reconfiguration de la présence française en Afrique, dont les motivations et les implications restent sujettes à débat.
Au-delà de la question militaire, Diomaye Faye aborde d’autres enjeux régionaux. Il se positionne comme un potentiel médiateur au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment concernant le départ de trois membres – Mali, Burkina Faso et Niger. Cette ambition soulève des interrogations sur sa capacité à influencer des dynamiques régionales complexes, étant donné son statut de nouvel arrivant sur la scène politique.
Sur le plan intérieur, le président évoque des audits et la possibilité de renégocier certains contrats, ainsi que d’éventuelles actions en justice en cas de malversations avérées. Ces déclarations soulèvent des attentes, mais leur mise en œuvre concrète et leurs conséquences restent à observer.
L’approche de Bassirou Diomaye Faye concernant les bases françaises illustre les défis auxquels font face les dirigeants africains contemporains : concilier les aspirations à la souveraineté avec les réalités géopolitiques. Sa gestion de cette question pourrait être révélatrice de sa capacité à gérer un environnement politique complexe.
La stratégie adoptée par le président sénégalais suscite des réactions variées. Certains y voient une approche pragmatique, d’autres une forme de recul par rapport aux engagements de campagne. Les partisans d’une rupture plus nette avec l’ancienne puissance coloniale pourraient exprimer leur déception, tandis que d’autres acteurs politiques et économiques pourraient saluer cette prudence.
La position de Bassirou Diomaye Faye sur les bases françaises au Sénégal marque un tournant par rapport à sa rhétorique de campagne. Cette évolution soulève des questions sur l’équilibre entre promesses électorales et exercice du pouvoir. L’impact de cette approche sur les relations franco-sénégalaises et sur la politique intérieure du pays reste à évaluer. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si cette stratégie permettra au Sénégal de redéfinir ses partenariats internationaux tout en répondant aux attentes de changement exprimées par une partie de la population.
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