Le 5 septembre 2021, le colonel Mamadi Doumbouya renversait le président Alpha Condé, mettant fin à plus de dix ans de régime civil en Guinée. À la tête des forces spéciales, il avait pris d’assaut le palais présidentiel, promettant de mettre fin à la corruption et d’instaurer un nouveau départ pour le pays. Cette prise de pouvoir, d’abord accueillie avec espoir par une partie de la population, s’est rapidement transformée en une gouvernance autoritaire, marquée par la répression des voix dissidentes. Trois ans plus tard, le bilan de la junte est loin des promesses initiales, et les tensions s’accentuent entre le pouvoir militaire et la société civile guinéenne.
Une disparition inquiétante au cœur des débats
C’est dans ce contexte tendu qu’une nouvelle affaire vient ébranler le régime de Mamadi Doumbouya. Le 22 juillet 2024, une plainte pour « disparition forcée » a été déposée en France contre le chef de la junte guinéenne. À l’origine de cette action en justice, on trouve les épouses de deux figures majeures de l’opposition : Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, tous deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Ces derniers ont été arrêtés le 9 juillet et sont portés disparus depuis, suscitant une vive inquiétude quant à leur sort. La plainte, déposée par les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth, vise directement le général Doumbouya, l’accusant d’être responsable de ces disparitions.
La justice française, un recours face à l’impuissance locale
Le choix de porter plainte en France plutôt qu’en Guinée n’est pas anodin. Il témoigne du manque de confiance dans le système judiciaire guinéen, considéré par les opposants comme étant sous la coupe de la junte militaire. Cette décision de saisir la justice française s’appuie également sur la supposition que Mamadi Doumbouya posséderait la double nationalité guinéenne et française, le rendant ainsi justiciable en France.
L’arrestation de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, survenue dans la nuit du 9 juillet au domicile du coordinateur national du FNDC, a été décrite comme particulièrement brutale. Des allégations de torture ont même été avancées, basées sur le témoignage d’un codétenu depuis libéré. Cette affaire met en lumière les enjeux diplomatiques et juridiques qui peuvent surgir lorsque la justice d’un pays est sollicitée pour traiter des affaires impliquant des dirigeants étrangers.
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