Dans la course aux infrastructures énergétiques qui anime l’Afrique du Nord, le Maroc et l’Algérie poursuivent leurs efforts respectifs pour concrétiser leurs projets de gazoducs reliant le Nigeria à l’Europe. Alors que les deux pays rivalisent pour s’imposer comme carrefour énergétique entre l’Afrique subsaharienne et le Vieux Continent, le royaume chérifien vient de franchir une nouvelle étape dans la réalisation du Gazoduc Africain Atlantique Nigeria-Maroc.
Une avancée significative pour le projet marocain
Récemment, Rabat a accueilli une série de réunions de haut niveau rassemblant les représentants des pays concernés par le tracé du gazoduc et ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ces rencontres ont permis de finaliser les études d’avant-projet détaillées et de présenter l’état d’avancement des études environnementales et sociales. Les délégations ont également progressé dans la finalisation de l’Accord Intergouvernemental et des accords hôtes pour chaque pays traversé, démontrant une volonté politique forte de faire aboutir ce projet d’envergure.
L’infrastructure envisagée relierait le Nigeria, premier producteur africain de gaz, au Maroc en passant par plusieurs pays ouest-africains, offrant ainsi de nouvelles perspectives énergétiques et économiques pour toute la région. Les directeurs généraux des sociétés nationales impliquées ont souligné les « avantages énergétiques, économiques et sociaux considérables » attendus de cette réalisation.
Une compétition qui stimule les deux projets
Parallèlement, l’Algérie poursuit activement le développement de son propre projet, le gazoduc transsaharien. Cette initiative, qui vise également à acheminer le gaz nigérian vers l’Europe en traversant le territoire algérien, connaît des avancées notables. La compétition entre les deux pays du Maghreb semble avoir un effet catalyseur, poussant chacun à intensifier ses efforts pour concrétiser son projet.
Cette rivalité constructive pourrait en fin de compte bénéficier à l’ensemble de la région. En effet, la multiplication des infrastructures énergétiques est susceptible de renforcer la sécurité énergétique de nombreux pays africains, tout en offrant de nouvelles opportunités de coopération économique et d’intégration régionale.
Des enjeux qui dépassent le cadre énergétique
Au-delà des considérations purement énergétiques, ces projets de gazoducs revêtent une importance stratégique et diplomatique considérable. Pour le Maroc comme pour l’Algérie, il s’agit de renforcer leur influence en Afrique subsaharienne et de consolider leur position d’interlocuteurs privilégiés avec l’Europe sur les questions énergétiques.
La participation active de nombreux pays ouest-africains aux réunions de Rabat, tels que la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Côte d’Ivoire et le Ghana, témoigne de l’intérêt régional pour le projet marocain. De même, l’implication d’acteurs clés du royaume comme l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, l’OCP et MASEN, suggère une volonté d’intégrer ce gazoduc dans une stratégie énergétique plus large, possiblement en lien avec le développement des énergies renouvelables.
Alors que le Maroc et l’Algérie continuent de progresser dans leurs projets respectifs, l’avenir énergétique de l’Afrique du Nord et de l’Ouest se dessine peu à peu. La concrétisation de ces infrastructures majeures pourrait non seulement transformer le paysage énergétique régional, mais aussi ouvrir la voie à de nouvelles formes de coopération et de développement économique à l’échelle du continent.
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