Investissement: ce pays africain veut réduire drastiquement les apports étrangers

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Pendant des décennies, le continent africain a été le théâtre d’une dépendance chronique aux investissements étrangers. Tel un géant aux pieds d’argile, de nombreux pays se sont retrouvés prisonniers d’un cycle où les infrastructures vitales – routes, hôpitaux, écoles – étaient majoritairement financées par des bailleurs internationaux. Cette situation, comparable à une perfusion économique permanente, a longtemps entravé le développement autonome et durable de ces nations.

Mais un vent de changement souffle sur la République démocratique du Congo (RDC). Ce colosse au cœur de l’Afrique, deuxième plus vaste pays du continent, s’apprête à renverser la table. Avec une audace qui pourrait faire école, le gouvernement congolais a décidé de prendre les rênes de son destin économique en annonçant un plan ambitieux : injecter 1,5 milliard de dollars de fonds propres dans les dépenses d’investissement pour l’année 2024.

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Cette décision marque un tournant radical dans la politique économique du pays. La RDC cherche à rompre avec un modèle qui, depuis la fin de la colonisation, n’a guère fait progresser le pays : des infrastructures d’éducation et de santé financées par des bailleurs étrangers, des prêts aux intérêts croissants, voire des concessions douloureuses exigées par les créanciers, aboutissant parfois à la mainmise sur certaines ressources naturelles.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, selon le Fonds monétaire international (FMI), 90% des investissements dans le secteur de la santé provenaient de l’étranger, une situation similaire dans l’éducation. Cette dépendance s’explique en partie par la faiblesse des recettes fiscales, qui ne représentaient que 11,5% du PIB formel en 2022, contre une moyenne de 23,4% en Afrique subsaharienne.

Pour financer cette ambition titanesque, le gouvernement congolais mise sur plusieurs leviers. D’abord, une augmentation significative des recettes fiscales, qui devraient atteindre 3703 milliards de francs congolais en 2024. Ensuite, la renégociation d’un contrat minier sur le cuivre avec Sicomines, qui devrait rapporter 499 milliards de CDF. Enfin, l’utilisation partielle d’une manne de 714 millions de dollars accordée par le FMI en 2021.

Les yeux rivés sur l’horizon 2030, la RDC se fixe un objectif aussi ambitieux que symbolique : contribuer à plus de 50% de ses propres dépenses d’investissement. Cette quête d’autonomie se matérialise dans des projets concrets, vitaux pour le pays. Les routes, artères économiques d’un pays aux dimensions continentales, sont en première ligne. Le « Plan de développement local 145 Territoires » vise quant à lui à insuffler une nouvelle vie dans les zones les plus reculées, stimulant les économies locales et créant des emplois.

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Cependant, le chemin vers l’indépendance économique est semé d’embûches. Les 46,5 milliards de dollars de dépenses d’investissement prévus d’ici 2029 représentent un défi colossal. Le gouvernement table sur des revenus pouvant atteindre 5,5 milliards de dollars d’ici 2040 grâce à Sicomines, si les cours du cuivre restent élevés. Malgré l’importance de ces ressources, elles ne suffiront pas à couvrir tous les besoins.

La RDC ne ferme pas pour autant la porte aux investisseurs étrangers. Elle cherche plutôt à rééquilibrer la balance, passant du statut d’élève dépendant à celui de partenaire à part entière. Dès 2025, la contribution de l’État congolais devrait dépasser celle des partenaires étrangers, doublant presque vers 2030.

En définitive, l’initiative congolaise représente bien plus qu’un simple changement de politique économique. C’est une déclaration d’indépendance financière, un pari sur l’avenir, et peut-être, le début d’une nouvelle ère pour l’Afrique. Reste à voir si ce grand bond en avant inspirera d’autres nations du continent à suivre le même chemin, transformant ainsi le visage économique de l’Afrique pour les décennies à venir.

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