Justice: le Sénégal veut retirer les symboles européens et africaniser le secteur

Bassirou Diomaye Faye (republicoftogo)

Au lendemain des périodes coloniales, plusieurs pays africains ont adopté, souvent sans modification substantielle, les symboles et pratiques administratives de leurs anciens colonisateurs européens. Cet héritage colonial s’est manifesté à travers divers aspects de la gouvernance et de la culture institutionnelle, incluant les emblèmes nationaux, les systèmes éducatifs, et les protocoles bureaucratiques. Les symboles, étant des représentations visuelles puissantes de l’autorité et des valeurs, ont été particulièrement marquants dans ce processus de mimétisme. Par exemple, les armoiries, les drapeaux et les hymnes nationaux empruntés ou légèrement modifiés des modèles européens sont devenus courants, solidifiant les idéaux et esthétiques européens au cœur des nouvelles identités nationales post-coloniales. Cette adoption souvent non critique a été motivée par divers facteurs, y compris le désir de légitimation internationale et la facilité administrative, mais a également contribué à une certaine perte d’identité culturelle et historique propre à chaque nation.

La justice sénégalaise est sur le point de subir une transformation significative. Avec l’ascension de Bassirou Diomaye Faye au pouvoir, élu en mars dernier, le Sénégal s’apprête à africaniser les symboles de sa justice, marquant ainsi une rupture avec les héritages de la colonisation française. L’un des premiers pas dans ce processus est la révision des symboles et attributs judiciaires qui, jusqu’à présent, reflétaient principalement des influences européennes.

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Historiquement, après la colonisation, de nombreux pays africains ont adopté sans modification majeure les symboles judiciaires européens. Au Sénégal, des symboles tels que Thémis — déesse grecque de la justice — sont devenus courants dans les palais de justice, souvent perçus comme étrangers par la population locale. Ces symboles, loin de renforcer un sentiment de justice, semblent éloigner les citoyens des principes mêmes qu’ils sont censés représenter.

Dans une démarche de réappropriation culturelle, le rapport reçu par le président Faye préconise de remplacer ces icônes européennes par des références plus proches des réalités et de l’héritage culturel africain. La déesse Maât, figure égyptienne de l’harmonie et de la justice, est proposée comme nouvelle allégorie. De plus, une refonte des tenues des magistrats est suggérée, intégrant des motifs et des références culturelles africaines pour refléter davantage l’identité et les valeurs du peuple sénégalais.

La refonte ne s’arrête pas aux symboles. Le président Faye a mis l’accent sur la modernisation du code pénal et du code de procédure pénale. Son approche vise également à améliorer les standards des lieux de détention et à garantir l’indépendance judiciaire, tout en luttant contre les pratiques arbitraires.

Ce vaste programme de réformes, s’il est mis en œuvre, pourrait non seulement transformer l’apparence de la justice mais également renforcer le lien entre le système judiciaire et les citoyens qu’il sert. Les recommandations du rapport, fruit d’une concertation nationale, soulignent l’importance de cette initiative, non seulement pour la justice, mais pour l’ensemble de la société sénégalaise.

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L’impact de ces changements sur la perception de la justice par les Sénégalais reste à voir. Toutefois, l’initiative est clairement un pas vers une justice qui cherche à être plus représentative et plus ancrée dans les réalités culturelles et historiques du pays. Cela pourrait, à terme, contribuer à une meilleure appropriation et à une plus grande confiance en la justice, essentielles pour le développement et la stabilité sociale.

2 réponses

  1. Avatar de Visionnaire
    Visionnaire

    Ici au Bénin, l’autre n’a pas attendu l’autorisation de Paris pour fusionner la Police et la Gendarmerie, signe de son indépendance idéologique.
    Et pourquoi certains trouvent le vilain plaisir à le traiter d’anti-panafricain ?
    Où se trouve le jury qui décerne le titre de panafricaniste ?
    Aujourd’hui les chinois célèbrent Mao comme un Dieu car ses réformes ont payé des décennies plutard. . Mais en son temps, il était traité de pire dictateur.

  2. Avatar de Le baikal
    Le baikal

    Chapeau bas pour les autorités senegalaises, une avancee dans une independance totale. Il faudrait s’attquer a la suppression du corps de gendarmerie, en l’integrant dans l’armee, car c’est un corps uniquement de pays fracophones. La France a organisme son systeme de Securite juste pour mater la population.
    Il y a l’armee, il y a la police ( police routiere et police des affaires). De plus il faudrait se singulariser avec des couleurs de tenues policieres propres au pays.
    Petit a petit sortir du carcan de l’heritage de la France, c’est prononcer son independance.

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