Le Maghreb s’apprête à devenir un acteur majeur dans la production d’hydrogène vert, attirant l’attention des pays européens en quête de nouvelles sources d’énergie propre. Alors que le Maroc et l’Algérie ont déjà annoncé des projets ambitieux dans ce domaine, la Tunisie entre désormais dans la course avec une détermination renouvelée. Cette région, riche en ressources solaires et éoliennes, offre un potentiel considérable pour la production d’hydrogène vert, une technologie prometteuse dans la lutte contre le changement climatique et la diversification des sources énergétiques.
La Tunisie, nouveau challenger dans la production d’hydrogène vert
La Tunisie s’engage résolument dans la transition énergétique, avec des objectifs audacieux pour la production d’hydrogène vert. Le pays ambitionne de produire 8,3 millions de tonnes d’ici 2050, dont 6 millions destinées à l’exportation. Cette vision transformerait non seulement le paysage énergétique national, mais positionnerait également la Tunisie comme un hub stratégique pour l’Europe en matière d’énergie propre. L’opérateur TuNur joue un rôle central dans cette stratégie, visant une capacité installée de 12 gigawatts d’ici 2030.
Pour concrétiser ces ambitions, la Tunisie mise sur la coopération internationale. Une récente rencontre entre une délégation italienne de haut niveau et les autorités tunisiennes a jeté les bases d’un projet pilote de production d’hydrogène renouvelable. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan Mattei pour l’Afrique, un programme italien visant à promouvoir le développement durable et la coopération énergétique avec les pays africains. Le projet ne se limite pas à la simple production d’hydrogène ; il met l’accent sur le transfert de compétences et la collaboration avec les centres de recherche et les universités des deux pays, garantissant une implication directe des acteurs locaux.
Une course paneuropéenne vers l’énergie du futur
L’intérêt de l’Italie pour l’hydrogène vert tunisien n’est que la partie émergée de l’iceberg. En réalité, c’est toute l’Europe qui se tourne vers le Maghreb pour diversifier ses sources d’énergie et réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. Cette quête d’hydrogène vert s’apparente à une nouvelle ruée vers l’or vert, où chaque pays européen cherche à s’assurer un accès privilégié à cette ressource prometteuse.
La Tunisie, consciente de cet enjeu, ne se contente pas de développer sa production d’hydrogène. Elle s’attelle également à moderniser l’ensemble de son secteur énergétique. Le projet Elmed, visant à construire un câble sous-marin de plus de 240 kilomètres entre l’Italie et la Tunisie, illustre parfaitement cette ambition. Cette interconnexion, d’une valeur de 840 millions d’euros, permettra un flux d’électricité continu de 600 MW entre les deux rives de la Méditerranée, renforçant l’intégration énergétique euro-méditerranéenne.
L’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) joue un rôle crucial dans cette transformation, fixant l’objectif ambitieux d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national à 35% d’ici 2030, contre seulement 5% actuellement. Cette transition énergétique radicale vise à garantir un approvisionnement énergétique sûr, accessible et abordable pour tous les Tunisiens d’ici 2035, tout en positionnant le pays comme un fournisseur fiable pour l’Europe.
La course à l’hydrogène vert au Maghreb ressemble à une partie d’échecs géopolitique, où chaque mouvement stratégique peut avoir des répercussions importantes sur l’avenir énergétique de la région et de l’Europe. Dans ce grand jeu, la Tunisie semble avoir trouvé un allié de poids en l’Italie, mais la partie ne fait que commencer. L’enjeu est de taille : celui qui réussira à développer une filière d’hydrogène vert efficace et compétitive pourrait bien devenir le Saudi Arabia de l’énergie propre de demain.
Alors que le monde observe attentivement cette transformation énergétique en cours au Maghreb, une chose est certaine : l’avenir de l’énergie se dessine aujourd’hui sur les rives sud de la Méditerranée, promettant de redéfinir les relations énergétiques entre l’Afrique et l’Europe pour les décennies à venir.
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