La guerre en Ukraine a profondément bouleversé les chaînes d’approvisionnement mondiales en céréales, mettant en lumière la vulnérabilité de nombreux pays dépendants des importations. Cette crise a incité de nombreux États à repenser leur stratégie de sécurité alimentaire, en cherchant à augmenter leur production locale et à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Dans ce contexte, l’Algérie, pays du Maghreb fortement dépendant des importations de blé, a décidé de prendre des mesures concrètes pour renforcer sa souveraineté alimentaire.
Le 6 juillet, une convention cadre d’envergure a été signée à Alger entre le ministère algérien de l’Agriculture et le groupe italien Bonifiche Ferraresi (BF). Cet accord marque le début d’un ambitieux projet de production de céréales et de légumineuses dans le Sahara algérien, plus précisément dans la wilaya de Timimoun.
La signature de cette convention s’est déroulée en présence de hauts responsables des deux pays, notamment les ministres algériens de l’Agriculture et des Finances, ainsi que le ministre italien de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et des Forêts. Cette présence témoigne de l’importance stratégique accordée à ce partenariat bilatéral.
Le projet prévoit la mise en culture d’une superficie de 36 000 hectares, associant le groupe italien BF au Fonds national d’investissement (FNI) algérien. Au-delà de la simple production agricole, l’initiative englobe la création d’unités de transformation pour la fabrication de pâtes alimentaires et la construction de silos de stockage, formant ainsi un véritable complexe agro-industriel intégré.
L’ambition de ce projet ne se limite pas aux céréales et aux légumineuses. Il est prévu d’introduire d’autres cultures stratégiques dans le système de rotation, notamment des oléagineux comme le soja. Cette diversification vise à optimiser l’utilisation des terres et à répondre à un éventail plus large de besoins alimentaires.
Le lancement effectif des opérations est programmé pour 2024. Les retombées attendues sont considérables : renforcement de la production nationale, augmentation des exportations hors hydrocarbures, et création de plus de 6 700 emplois. Ces objectifs s’inscrivent dans la stratégie globale de l’Algérie visant à consolider sa sécurité alimentaire.
Ce partenariat italo-algérien s’intègre dans un plan national plus vaste de développement des filières stratégiques, englobant non seulement les céréales et les légumineuses, mais aussi les cultures sucrières, oléagineuses, les semences et la production laitière. L’Algérie affiche des objectifs ambitieux, visant notamment l’autosuffisance en blé dur grâce à l’extension des superficies cultivées dans le Sud du pays, pour atteindre 500 000 hectares.
La signature de cet accord le lendemain de la fête de l’indépendance algérienne revêt une symbolique particulière. Elle fait écho à la relance récente de la collaboration industrielle entre les deux pays, marquée par le retour de Fiat en Algérie. Ces initiatives témoignent d’une volonté commune de renforcer les liens économiques bilatéraux dans des secteurs clés.
Ce mégaprojet agricole représente un pas significatif vers une plus grande autonomie alimentaire pour l’Algérie. Il illustre également la tendance croissante des pays à repenser leurs modèles de production agricole face aux défis de la sécurité alimentaire mondiale.
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