Mali: un nouveau succès pour l’armée près de l’Algérie

Assimilas Goïta (Photo CNSP)

La marche triomphale des Forces armées maliennes (FAMa) se poursuit dans le nord du pays. Quelques mois après la reprise emblématique de Kidal, fief historique des rebelles touaregs, l’armée malienne vient de franchir une nouvelle étape stratégique. Pour rappel, en novembre 2023, la reconquête de Kidal par les FAMa avait marqué un tournant décisif dans le conflit qui déchire le Mali depuis plus d’une décennie. Cette victoire, aussi symbolique que militaire, avait permis au gouvernement de transition de Bamako d’affirmer son autorité sur une région longtemps considérée comme le bastion de l’irrédentisme touareg. Aujourd’hui, les forces gouvernementales poussent encore plus loin leur avantage, étendant leur contrôle jusqu’aux confins du territoire national.

Le lundi 22 juillet 2024, les FAMa ont annoncé avoir pris le contrôle d’Inafarak, une localité située à seulement 122 kilomètres au nord-ouest de Tessalit, à un jet de pierre de la frontière algérienne. Ce mouvement audacieux témoigne de la détermination de Bamako à restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire malien. Inafarak, décrite par l’armée comme un « carrefour commercial très important« , revêt une importance stratégique capitale. Sa position géographique en fait un point névralgique pour les trafics en tous genres qui prospèrent dans cette région désertique aux frontières poreuses.

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La prise d’Inafarak s’inscrit dans une stratégie plus large visant à asphyxier les groupes armés qui défient l’autorité de l’État malien. En coupant leurs voies d’approvisionnement et en perturbant leurs réseaux logistiques, l’armée malienne cherche à affaiblir durablement la « coalition mafieuse » dénoncée par Bamako. Cette coalition hétéroclite regroupe aussi bien des jihadistes liés à Al-Qaïda que des rebelles touaregs du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), anciens signataires de l’accord de paix de 2015 désormais caduc.

Une stratégie de projection de force

L’opération menée à Inafarak revêt une importance qui dépasse le simple aspect militaire. Elle constitue une démonstration de force qui envoie un message clair aux groupes armés, mais aussi à la communauté internationale. En projetant ses forces aussi loin au nord, l’armée malienne affirme sa capacité à opérer sur l’ensemble du territoire national, y compris dans les zones les plus reculées et inhospitalières. Cette avancée s’apparente à un véritable coup de maître stratégique, comparable à un joueur d’échecs qui placerait audacieusement sa tour en territoire ennemi.

Cette progression soulève cependant des questions quant à la pérennité de la présence militaire dans ces régions éloignées. Les mouvements de va-et-vient observés à Inafarak, avec un retrait suivi d’un retour en force, suggèrent que l’armée privilégie pour l’instant une stratégie de projection de puissance plutôt qu’une occupation permanente. Cette approche flexible permet aux FAMa de maximiser l’impact psychologique de leurs opérations tout en minimisant les risques d’enlisement. On pourrait comparer cette tactique à celle d’un boxeur qui multiplie les jabs pour déstabiliser son adversaire sans s’exposer excessivement.

La réaction des groupes armés à cette nouvelle donne militaire reste à observer. Un cadre militaire rebelle, sollicité par RFI, a tenté de minimiser l’importance de l’avancée malienne, affirmant que leurs positions principales se trouvent loin des zones habitées. Cette déclaration pourrait être interprétée comme un aveu de faiblesse, les rebelles se trouvant contraints de céder le terrain aux forces gouvernementales.

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Alors que l’armée malienne poursuit sa progression vers le nord, avec Tinzaouaten comme possible prochaine étape, l’avenir du Sahel se dessine sous de nouveaux auspices. Entre affirmation de la souveraineté nationale et recomposition des alliances régionales, le Mali joue une partie d’échecs géopolitique dont l’issue reste incertaine.

Les implications de cette avancée dépassent largement les frontières maliennes, affectant potentiellement l’équilibre fragile de toute la région sahélienne.

La prise d’Inafarak marque indubitablement un nouveau chapitre dans la longue quête de stabilité et d’unité du Mali. Cependant, les défis restent nombreux. La consolidation de ces gains militaires passera nécessairement par un effort de développement et de réconciliation dans ces régions longtemps marginalisées. Le véritable test pour Bamako sera de transformer ces succès militaires en une paix durable, capable de répondre aux aspirations de toutes les composantes de la société malienne.

2 réponses

  1. Avatar de Napoléon
    Napoléon

    Que toute l’Afrique Noire en lutte pour la vraie indépendance et la souveraineté authentique des États de l’Afrique de l’Ouest se joigne au Mali, au Burkina Fasso et au Niger pour mettre fin aux frontières artificielles tracées par la colonisation et libérer définitivement le peuple Noir du joug du colonialisme et de l’impérialisme.

    1. Avatar de (@_@)
      (@_@)

      Quand tes potes du cartel des putchistes utilisent les « frontières artificielles tracées par la colonisation », pour se barricader derrière et nuire à leurs voisins en prenant des élus en otage.
      C’est pour « libérer définitivement le peuple Noir » de quel « joug » ?

      Quelles pitreries incantatoires !

      \\\\.///
      (@_@)

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