Les tensions montent d’un cran entre la Turquie et Israël, ravivant les débats sur l’appartenance d’Ankara à l’OTAN. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a récemment évoqué une possible intervention militaire contre l’État hébreu, en réponse à ses actions à Gaza. Ces propos incendiaires ont déclenché une vive réaction de la part d’Israël, qui demande désormais des sanctions au sein de l’Alliance atlantique.
Une rhétorique belliqueuse qui inquiète
Lors d’un rassemblement de l’AKP à Rize, Erdogan a comparé la situation actuelle aux interventions turques passées en Libye et au Haut-Karabakh. Le dirigeant turc a averti qu’Ankara pourrait agir de manière similaire contre Israël, déclarant : « Nous devons être très forts pour qu’Israël ne puisse pas commettre ces actes ridicules contre la Palestine. Tout comme nous sommes entrés au Karabakh, tout comme nous sommes entrés en Libye, nous pourrions faire de même avec eux. »
L’OTAN face à un dilemme turc
Suite à ces déclarations, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, aurait demandé selon la presse, aux diplomates de son pays de s’engager auprès de tous les membres de l’OTAN pour condamner la Turquie. Cette requête met en lumière les tensions croissantes au sein de l’Alliance atlantique, où le comportement d’Ankara est de plus en plus critiqué. L’utilisation de mercenaires syriens par la Turquie dans des conflits régionaux, notamment en Libye et au Haut-Karabakh, avait déjà suscité la réprobation de plusieurs alliés, dont la France.
La Turquie s’est révélée être un allié encombrant pour l’OTAN ces dernières années. Les tensions entre Ankara et ses partenaires de l’Alliance se sont multipliées, notamment avec la France. En 2020, un incident naval en Méditerranée orientale impliquant un navire turc et la frégate française « Courbet » a particulièrement exacerbé les relations. Le président Emmanuel Macron avait alors vivement critiqué le comportement de la Turquie, remettant en question sa fiabilité en tant que partenaire au sein de l’OTAN.
D’autres épisodes ont également contribué à éroder la confiance entre la Turquie et ses alliés. On peut citer l’achat par Ankara de systèmes de défense russes S-400, qui a conduit à son exclusion du programme américain de chasseurs F-35, ainsi que ses opérations militaires contre les forces kurdes en Syrie, alors que ces dernières étaient en première ligne contre l’État islamique. Ces actions ont suscité de vives critiques de la part de nombreux membres de l’Alliance, mettant à l’épreuve la cohésion de l’OTAN.
Un statu quo diplomatique inévitable ?
Malgré ces tensions récurrentes, l’OTAN se trouve dans une impasse. Contrairement à d’autres organisations internationales, l’Alliance ne dispose d’aucun mécanisme d’exclusion pour ses membres. Le traité de l’Atlantique Nord ne prévoit que la possibilité pour un État de se retirer volontairement, après vingt ans d’adhésion et avec un préavis d’un an.
Cette absence de procédure d’expulsion, combinée à la règle de l’unanimité qui prévaut au sein de l’OTAN, rend peu probable toute action concrète contre la Turquie. De plus, Ankara bénéficie encore du soutien de certains alliés, notamment l’Espagne et le Royaume-Uni, qui valorisent sa position stratégique contrôlant l’accès à la mer Noire.
La crise actuelle entre la Turquie et Israël met ainsi en évidence les limites de l’OTAN face aux défis internes. Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, l’Alliance devra trouver un équilibre délicat entre la préservation de son unité et la gestion des comportements problématiques de certains de ses membres. Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’avenir de l’OTAN et sa capacité à maintenir une cohésion face à des divergences croissantes entre ses membres.
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