USA : R. Kelly veut faire annuler les condamnations sexuelles

R. Kelly. Photo : Getty Images

L’industrie musicale américaine a connu de nombreux scandales, mais peu ont eu l’ampleur et la gravité de l’affaire R. Kelly. Autrefois adulé pour ses tubes comme « I Believe I Can Fly », le chanteur de R&B a vu sa carrière s’effondrer suite à une série d’accusations d’abus sexuels sur mineures. En 2019, une série documentaire intitulée « Surviving R. Kelly » a ravivé l’attention du public sur ces allégations, déclenchant une vague de réactions et relançant les enquêtes. Cette pression médiatique et judiciaire a finalement conduit à l’arrestation de Kelly en juillet 2019, marquant le début d’une longue bataille juridique qui allait révéler l’étendue de ses crimes présumés sur plusieurs décennies.

Un appel désespéré à la Cour suprême

Aujourd’hui, R. Kelly tente une manœuvre juridique audacieuse pour échapper à sa condamnation. Le chanteur déchu a demandé à la Cour suprême des États-Unis d’annuler ses condamnations pour possession de pornographie infantile et incitation de mineures à des actes sexuels. Son argument principal repose sur une question de temporalité : Kelly affirme que les faits qui lui sont reprochés remontent à plusieurs décennies et que, par conséquent, les poursuites sont prescrites. Cette stratégie défensive s’appuie sur une interprétation controversée de la loi, mettant en lumière les complexités du système judiciaire américain face aux crimes sexuels de longue date.

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Un débat juridique sur la rétroactivité des lois

Au cœur de cette bataille juridique se trouve le PROTECT Act, une loi adoptée en 2003 qui a considérablement modifié les règles du jeu en matière de crimes sexuels sur mineurs. Cette législation a notamment supprimé le délai de prescription pour ce type d’infractions, permettant ainsi de poursuivre des actes commis bien des années auparavant. Cependant, l’avocat de Kelly, Jennifer Bonjean, soulève un point crucial : le PROTECT Act ne contient pas de clause explicite autorisant son application rétroactive aux crimes commis avant 2003. Ce vide juridique pourrait potentiellement offrir une échappatoire à Kelly, dont les actes incriminés datent des années 90.

La défense de Kelly met ainsi en lumière un débat fondamental sur l’application rétroactive des lois pénales, un principe généralement considéré comme contraire aux droits de l’accusé. Cette affaire pourrait donc avoir des répercussions bien au-delà du cas particulier de R. Kelly, en établissant potentiellement un précédent sur la manière dont la justice américaine traite les crimes sexuels historiques. Alors que Kelly purge actuellement une peine de 20 ans de prison et doit des centaines de milliers de dollars de dommages et intérêts à ses victimes présumées, l’issue de cet appel pourrait redéfinir non seulement son avenir, mais aussi la façon dont le système judiciaire aborde les cas similaires à l’avenir.

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