Le dossier Steeve Amoussou qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, continue de susciter des réactions dans le rang des acteurs politiques. Alors que jusque –là, aucune voix officielle ne s’est prononcée sur le sujet, Irénée Agossa se réclamant de la majorité présidentielle, a rompu le silence pour justifier la position du régime de la rupture. Contrairement à lui l’opposant Sabi Sira Korogoné appelle à faire la lumière et à situer les responsabilités.
Irénée Agossa n’y est pas allé du dos de cuillère pour justifier la justesse de la position du gouvernement béninois dans l’affaire Steeve Amoussou. Ce citoyen béninois résidant au Togo et qui est présenté comme l’activiste Frère Hounvi, alors que celui-ci déclare le contraire, n’est pas kidnappé selon Irénée Agossa. D’ailleurs son arrestation n’est pas une surprise pour celui qui se réclame de la majorité présidentielle après avoir été de l’opposition pendant un moment. « Quand on pose un acte, il faut être capable d’assumer ses responsabilités. Donc, il fallait qu’il soit sûr qu’un jour il répondrait à ce qu’il a dit. Que ce soit comme ça se fait maintenant, ou d’une autre façon, c’est une logique. C’est irresponsable d’avoir un surnom et de dire tout ce qu’on veut de quelqu’un parce qu’on a la liberté de parler », déclare l’ancien candidat aux élections présidentielles.
« On nous apprend qu’il faut tourner la langue plusieurs fois avant de parler. On nous apprend que ce qui aspire l’homme, ce n’est pas ce qu’il mange, mais ce qu’il dit. Ce qu’il faisait, je n’étais pas tout à fait d’accord avec lui, parce qu’il faut assumer, et on ne peut pas assumer dans une forme d’anonymat, il faut se montrer, il faut dire qui on est. Et quand on veut être libre, il faut être responsable. Quand on kidnappe quelqu’un, il est entre les mains des ravisseurs. C’est aussi simple que ça. Il n’est pas entre les mains de la police. On peut le dire et le soutenir. Donc, le fait qu’il soit entre les mains de la police républicaine, ça veut dire qu’il y a déjà un aspect officiel. Et il est entre les mains de la justice béninoise », poursuit-il. Pour Irénée Agossa, Steeve Amoussou, s’il était vraiment Frère Hounvi, a cherché lui-même ce qui lui arrive et ne devrait pas compter sur une quelconque opposition pour se sortir d’affaire parce qu’il n’est membre d’aucun parti de l’opposition.
Cette position affichée par l’ancien opposant, aujourd’hui proche du régime de Talon, n’est pas partagée par tous. C’est du moins ce qu’on peut affirmer lorsqu’on écoute la réaction de l’opposant Sabi Sira Korogoné sur le même sujet. « Cette situation n’est pas de nature à redorer l’image de notre pays qui n’a fait que se dégrader ces dernières années. Notre pays est passé en quelques années d’un état vivant en harmonie avec ses voisins à un état en conflit avec tout son voisinage. En quelques années, nous sommes passés d’un pays de grande démocratie à un pays qui ne respecte pas le droit international. Nous sommes passés d’un pays où le vivre ensemble était une réalité à un pays dont certains fils et filles se sont sentis obligés de s’exiler pour leurs opinions », affirme-t-il.
Mais il n’est pas tard selon lui de corriger cette image. « Notre pays a aujourd’hui l’occasion de restaurer son image à travers ce dossier. Nous recommandons à nos compatriotes cités dans cette affaire de faire confiance à la justice togolaise de la même façon qu’on nous demande à nous de faire confiance à notre justice malgré son caractère exceptionnel et d’aller en toute responsabilité répondre si tant est qu’ils ne se reprochent rien. Ils auront ainsi l’occasion de laver leur honneur et celui de notre pays ». Korogoné appelle donc les mis en cause par la justice togolaise à travers le communiqué du procureur de la république près le tribunal de grande instance de Lomé à prendre leur responsabilité et à répondre de ce qui leur est reproché. Et il poursuit : « Nous recommandons également à la justice togolaise de mener des démarches nécessaires pour écouter les officiers de police judiciaire du Bénin qui ont écouté Steve Amoussou afin de faire la lumière sur les conditions dans lesquelles il se serait retrouvé dans leurs mains. Ceci permettra de laver l’honneur de notre police car on pourrait l’accuser de recel d’enlèvement. Ainsi, ceux qui espèrent que la justice togolaise vienne brandir des preuves à la télévision ou sur les réseaux sociaux pourraient à travers un procès équitable, juste à l’image des procès dans notre pays, avoir les différentes preuves demandées »
Sabi Sira Korogoné demande par ailleurs aux autorités politiques et judiciaires, une certaine impartialité, espérant que des liens ne seront pas établis entre ces accusations et certaines d’entre elles. Il appelle aussi le peuple à la vigilance. « Pour finir, je tiens à informer que sur ce dossier, le peuple béninois demandera des comptes car c’est la goutte d’eau de trop. A mes compatriotes, je demande vigilance et patriotisme car l’amour de notre pays devrait nous amener à combattre tout individu ou groupe d’individus, quel qu’il soit, ayant le dessein de traîner notre beau pays, le Bénin, dans la boue ».
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