Les Émirats arabes unis, puissance économique du Golfe, déploient depuis plusieurs années une stratégie d’expansion tous azimuts en Afrique et en Occident. Cette offensive diplomatique et commerciale vise à diversifier leur économie au-delà du pétrole et à accroître leur influence géopolitique. En investissant massivement dans les infrastructures, l’immobilier et les nouvelles technologies, les Émirats cherchent à s’imposer comme un partenaire incontournable pour de nombreux pays en développement. Cette approche pragmatique, alliant soft power et hard power économique, leur permet de tisser un réseau d’alliances stratégiques et de sécuriser leurs intérêts à long terme sur la scène internationale.
Un partenariat renforcé entre le Maroc et les Émirats
Dans ce contexte d’expansion émiratie, le Maroc vient de franchir une étape cruciale en finalisant les négociations d’un accord de partenariat économique global (CEPA) avec les Émirats arabes unis. Cette entente, qui va bien au-delà d’un simple accord commercial, marque un tournant dans les relations bilatérales entre les deux nations. Elle vise à créer un cadre propice à une coopération renforcée dans de nombreux domaines stratégiques, tels que les énergies renouvelables, le tourisme, les infrastructures et les technologies de l’information.
La signature de cette déclaration commune à Rabat par Ryad Mezzour, ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, et Thani bin Ahmed Al Zeyoudi, ministre d’État émirati au Commerce extérieur, témoigne de la volonté des deux pays de hisser leur partenariat à un niveau supérieur. Ce CEPA peut être vu comme une véritable boussole économique, orientant les efforts conjoints vers des secteurs d’avenir à fort potentiel de croissance.
Des objectifs ambitieux pour une croissance partagée
L’accord s’inscrit dans une vision à long terme particulièrement ambitieuse pour les Émirats arabes unis. Le pays s’est fixé comme objectif de porter son commerce extérieur non pétrolier à 4 000 milliards d’AED d’ici 2031, soit l’équivalent d’environ 1 090 milliards de dollars. Cette cible colossale illustre la détermination des Émirats à se positionner comme un acteur économique majeur sur la scène mondiale, capable de rivaliser avec les grandes puissances commerciales.
Pour le Maroc, sixième économie d’Afrique avec un PIB de 152,4 milliards de dollars en 2023, ce partenariat renforcé ouvre de nouvelles perspectives de croissance. Les projections tablent sur une progression de 3,5% de l’économie marocaine d’ici fin 2024, et l’accord avec les Émirats pourrait bien agir comme un accélérateur de cette dynamique positive.
Des retombées économiques déjà tangibles
Les effets bénéfiques de ce rapprochement économique sont déjà perceptibles. Le commerce extérieur non pétrolier entre les deux pays a connu une croissance spectaculaire, atteignant 1,3 milliard de dollars en 2023. Cette performance représente une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente et une progression de plus de 83% comparé aux niveaux d’avant la pandémie en 2019.
Plus impressionnant encore, les Émirats arabes unis se positionnent désormais comme le principal investisseur arabe au Maroc. Avec des investissements cumulés de 15 milliards de dollars dans divers projets stratégiques, ils jouent un rôle moteur dans le développement économique du royaume chérifien. Cette manne financière, comparable au PIB de certains petits pays, irrigue des secteurs clés de l’économie marocaine et contribue à la création d’emplois et de valeur ajoutée.
En définitive, cet accord historique entre le Maroc et les Émirats arabes unis peut être vu comme un mariage économique prometteur. Il allie l’expertise et les capitaux émiratis à la position stratégique et au potentiel de croissance du Maroc. Cette union économique pourrait bien servir de modèle pour d’autres partenariats sud-sud, démontrant qu’une coopération mutuellement bénéfique est possible entre pays émergents. Reste à voir comment ce rapprochement influencera les équilibres géopolitiques dans la région, notamment vis-à-vis des autres puissances régionales comme l’Algérie ou l’Égypte.
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