La stratégie d’expansion économique de la Chine en Afrique prend une nouvelle dimension avec un investissement colossal dans le Maghreb. Depuis des années, Pékin déploie ses capitaux et son savoir-faire sur le continent africain, multipliant les projets d’infrastructure, les partenariats industriels et les accords commerciaux. Cette approche, souvent qualifiée de « diplomatie du chéquier« , a permis à l’Empire du Milieu de s’imposer comme un acteur incontournable du développement économique africain, suscitant à la fois espoirs et controverses. L’Algérie, riche en ressources naturelles mais en quête de diversification économique, devient aujourd’hui le théâtre d’une collaboration sino-algérienne d’envergure qui pourrait redessiner le paysage industriel du Maghreb.
Un projet titanesque pour transformer le Sud-Ouest algérien
Au cœur de cette nouvelle dynamique se trouve le gisement de Gara Djebilet, véritable trésor ferrugineux niché dans les profondeurs du Sahara algérien. Avec ses réserves estimées à 3 milliards de tonnes, ce site fait miroiter des perspectives économiques alléchantes pour l’Algérie. Après des années d’hésitation, Alger a finalement décidé de passer à l’action, s’alliant avec des partenaires chinois pour donner vie à un projet industriel d’une ampleur sans précédent.
Le futur complexe sidérurgique de Béchar, pièce maîtresse de cette collaboration, s’annonce comme un véritable mastodonte industriel. Implanté sur une superficie initiale de 1000 hectares, avec la possibilité de s’étendre jusqu’à 3000 hectares, ce site représente un investissement faramineux d’un milliard de dollars. Tel un phare dans le désert, il promet de rayonner sur toute la région, catalysant le développement économique et social du Sud-Ouest algérien.
La Chine, maître d’œuvre d’une révolution industrielle
Les entreprises chinoises CWE et MCC, associées à l’algérienne FERAAL, forment l’épine dorsale de ce consortium ambitieux. Leur expertise combinée permettra non seulement l’extraction du minerai à Gara Djebilet, mais aussi sa transformation à grande échelle. Le projet prévoit la production de rails et de profilés en acier, ainsi qu’une usine de concentré de minerai de fer, en partenariat avec le géant turc Tosyali.
L’ampleur du chantier est à la mesure des ambitions qu’il porte. Une ligne de chemin de fer de près de 900 kilomètres sera construite pour acheminer le minerai jusqu’à Oran, reliant ainsi le cœur du désert aux rives de la Méditerranée. Cette artère ferroviaire, véritable prouesse d’ingénierie, illustre la volonté de l’Algérie de créer un corridor économique intégré, capable de propulser le pays dans une nouvelle ère industrielle.
Un pari sur l’avenir aux multiples enjeux
L’engagement de la Chine dans ce projet pharaonique va bien au-delà d’un simple investissement financier. Il symbolise une convergence d’intérêts stratégiques entre Pékin et Alger. Pour la Chine, c’est l’occasion de consolider sa présence dans une région géopolitiquement sensible, tout en s’assurant un accès privilégié à des ressources minérales cruciales. Pour l’Algérie, l’enjeu est de taille : diversifier son économie, longtemps dépendante des hydrocarbures, et créer un pôle industriel capable de générer des emplois et des revenus durables.
Cependant, ce projet soulève aussi des questions sur la durabilité environnementale et l’impact social à long terme. La transformation d’une région désertique en hub industriel nécessitera des ressources considérables, notamment en eau et en énergie. Les autorités algériennes devront relever le défi de concilier développement économique et préservation des écosystèmes fragiles du Sahara.
Alors que les travaux battent leur plein à Béchar, avec une livraison prévue en 2026, tous les regards sont tournés vers ce chantier titanesque. Il incarne les espoirs d’une Algérie en quête de renouveau économique, mais aussi les ambitions d’une Chine déterminée à étendre son influence en Afrique.
Le succès de cette collaboration sino-algérienne pourrait bien servir de modèle pour d’autres pays du Maghreb, ouvrant la voie à une nouvelle ère de coopération économique transcontinentale.
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