Maghreb : le risque de guerre est bien réel dans ce pays

AP/Yousef Murad

Le Maghreb, carrefour géopolitique entre l’Afrique du Nord et le monde arabe, a longtemps été le théâtre de tensions complexes entre différents acteurs régionaux. Les rivalités historiques, les ambitions territoriales et les luttes d’influence ont façonné un paysage politique instable, où les alliances sont aussi volatiles que le sable du Sahara. Dans ce contexte, la Libye est devenue l’épicentre d’un conflit qui menace de déstabiliser toute la région. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est plongé dans un chaos politique qui a vu l’émergence de factions rivales, chacune soutenue par des puissances étrangères aux intérêts divergents. Cette situation a créé un terreau fertile pour l’extrémisme et a exacerbé les tensions préexistantes entre les pays voisins, transformant la Libye en un véritable champ de bataille par procuration.

La mobilisation militaire qui fait trembler le désert

Au cœur de ce maelström géopolitique, un nouvel épisode de tension vient de s’ouvrir. Les forces fidèles au maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, ont entamé une manœuvre militaire d’envergure en direction du sud-ouest du pays. Cette région, actuellement sous le contrôle du gouvernement d’union nationale (GUN) reconnu par l’ONU, représente un enjeu stratégique majeur. L’objectif présumé de cette opération serait la prise de contrôle de l’aéroport de Ghadamès, un point névralgique situé à la confluence des frontières libyenne, algérienne et tunisienne.

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Cette avancée des troupes pro-Haftar ne se résume pas à une simple escarmouche frontalière. Elle représente une menace directe pour le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis octobre 2020, et pourrait bien être le prélude à une nouvelle offensive sur Tripoli. Le spectre d’une reprise des hostilités à grande échelle plane désormais sur le pays, ravivant les craintes d’un embrasement régional.

Un échiquier politique aux pièces instables

La situation politique en Libye s’apparente à un jeu d’échecs où chaque mouvement peut bouleverser l’équilibre précaire du plateau. D’un côté, le gouvernement d’union nationale, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, tente de maintenir son autorité sur Tripoli et l’ouest du pays. De l’autre, le maréchal Haftar, soutenu par un parlement dissident basé dans l’est, cherche à étendre son influence au-delà de son fief de Benghazi.

Cette dualité du pouvoir, loin d’être une simple querelle interne, est le reflet d’enjeux géopolitiques plus vastes. Chaque camp bénéficie du soutien de puissances étrangères, transformant le conflit libyen en une partie d’échecs à l’échelle internationale. La Russie, l’Égypte et les Émirats arabes unis appuient Haftar, tandis que la Turquie se range du côté du GUN. Cette internationalisation du conflit complique considérablement les efforts de résolution pacifique et accentue le risque d’une escalade militaire.

Les conséquences d’un embrasement régional

L’éventualité d’une reprise des combats en Libye soulève de nombreuses inquiétudes quant à la stabilité de toute la région du Maghreb. Un conflit ouvert pourrait avoir des répercussions en cascade sur les pays voisins, déjà fragilisés par leurs propres défis internes. L’Algérie et la Tunisie, en particulier, observent avec appréhension les mouvements de troupes à leurs frontières, craignant un débordement du conflit sur leur territoire.

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Au-delà des implications sécuritaires immédiates, une nouvelle guerre en Libye risquerait d’exacerber les problèmes migratoires et économiques qui affectent l’ensemble du Maghreb. Les flux de réfugiés pourraient s’intensifier, mettant à rude épreuve les ressources des pays d’accueil. De plus, l’instabilité politique et les combats compromettraient sérieusement les efforts de développement économique dans une région qui peine déjà à offrir des perspectives d’avenir à sa jeunesse.
Face à ces enjeux, la communauté internationale se trouve dans une position délicate. Les tentatives de médiation se sont jusqu’à présent soldées par des échecs, et les intérêts divergents des puissances impliquées compliquent la recherche d’une solution durable. Pourtant, l’urgence d’une résolution pacifique n’a jamais été aussi criante. L’avenir du Maghreb, et par extension la stabilité de la Méditerranée, dépend en grande partie de la capacité des acteurs locaux et internationaux à désamorcer la crise libyenne avant qu’elle ne dégénère en un conflit régional aux conséquences imprévisibles.

3 réponses

  1. Avatar de Rachid ELAÏDI
    Rachid ELAÏDI

    il y a Libye et le Sahara occidental

  2. Avatar de Jean Louis WALLOT
    Jean Louis WALLOT

    Madame, Monsieur,
    Je reviens vers vous par rapport à vos publications du 08/08/24. Dans la rubrique: Ceci peut vous intéresser; il a été fait état d’un traitement concernant le glaucome. J’aurai voulu avoir les coordonnées du laboratoire et le nom du médicament.
    S’il vous plait, si vous pouvez me donner plus d’informations.
    A vous lire

  3. Avatar de Le Baikal.
    Le Baikal.

    Un média camerounais affirmait , à propos de la mort de Kaddafi, “ nombreux sont des Africains qui condamnent cette tricherie occidentale”.
    Ils [les Occidentaux] l’ont assassiné avec une complicité interne. Parce qu’il était un bouclier pour son pays, la Libye, et l’Afrique. Cela fait exactement dix ans qu’ils l’ont éliminé en promettant la démocratie et les droits de l’homme. Des prétextes qu’ils avancent quand ils veulent détruire un leader nationaliste ou un pays qui se bat pour sa souveraineté. Depuis dix ans, la Libye est dans la tourmente. Le Sahel est déstabilisé.” Les bourreaux s’érigent toujours en donneurs de leçons. Ils n’ont même pas honte. D’ailleurs ils ne connaissent pas la honte », dénonce le journaliste panafricaniste Didier Ndengue.

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