La guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » de la résistance palestinienne, a profondément bouleversé les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient. Ce conflit sanglant, qui perdure depuis près d’un an, a eu des répercussions bien au-delà des frontières israéliennes et palestiniennes, affectant notamment les relations diplomatiques et économiques entre Israël et plusieurs pays arabes. Parmi ces nations, le Maroc, signataire des Accords d’Abraham en 2020, a vu ses échanges commerciaux avec l’État hébreu connaître une évolution en dents de scie, reflétant les tensions régionales et les défis de la normalisation dans un contexte de crise.
Une croissance freinée par les tensions régionales
Après une période de croissance soutenue, les échanges commerciaux entre le Maroc et Israël semblent marquer le pas. Le dernier rapport de l’Institut pour la paix des Accords d’Abraham révèle une stagnation des chiffres depuis mai 2024. En juin, la valeur des échanges s’est établie à 8,5 millions de dollars, soit une augmentation de 124% par rapport à l’année précédente. Cependant, ce chiffre n’a pas progressé depuis le mois de mai, suggérant un ralentissement de la dynamique commerciale entre les deux pays.
Cette situation peut être comparée à celle d’un coureur de fond qui, après avoir accéléré son rythme, se voit contraint de maintenir une allure constante face à un terrain devenu accidenté. Les obstacles politiques et diplomatiques engendrés par le conflit à Gaza agissent comme autant de pierres sur le chemin d’une coopération économique florissante.
Un phénomène qui dépasse les frontières marocaines
Le ralentissement des échanges n’est pas propre au Maroc. D’autres signataires des Accords d’Abraham, tels que les Émirats arabes unis, le Bahreïn, l’Égypte et la Jordanie, connaissent également une baisse de leurs échanges commerciaux avec Israël. Cette tendance généralisée souligne l’impact considérable du conflit à Gaza sur les relations économiques régionales.
Les Émirats arabes unis, par exemple, ont vu le volume de leurs échanges avec Israël passer de 284,4 millions de dollars en mai à 271,9 millions en juin. Le Bahreïn a enregistré une chute encore plus spectaculaire, passant de 53,7 millions à 16,8 millions de dollars sur la même période. Ces fluctuations rappellent les mouvements d’un sismographe, où chaque secousse politique se traduit par des variations économiques.
Entre espoirs de normalisation et réalités du terrain
Malgré ces turbulences, le bilan global des échanges entre le Maroc et Israël pour le premier semestre 2024 reste positif, avec un total de 53,2 millions de dollars, en hausse de 64% par rapport à la même période en 2023. Ces chiffres témoignent d’une résilience certaine des liens économiques, comparable à celle d’un roseau qui plie mais ne rompt pas sous la tempête.
Toutefois, la persistance du conflit à Gaza jette une ombre sur les perspectives de croissance future. La normalisation des relations, objectif central des Accords d’Abraham, se heurte à la réalité brutale d’une guerre qui polarise les opinions et complique les échanges diplomatiques et commerciaux.
L’évolution des relations économiques entre le Maroc et Israël s’apparente ainsi à une danse complexe, où les partenaires doivent constamment ajuster leurs pas en fonction des changements de rythme imposés par le contexte géopolitique. Si les fondations d’une coopération renforcée ont été posées, leur solidité est mise à l’épreuve par les secousses régionales.
À l’avenir, le défi pour le Maroc et Israël sera de maintenir le cap de leur rapprochement économique tout en naviguant dans les eaux tumultueuses d’un Moyen-Orient en mutation. La capacité des deux pays à surmonter ces obstacles déterminera non seulement l’avenir de leurs relations bilatérales, mais pourrait également influencer la trajectoire des Accords d’Abraham dans leur ensemble.
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