Maghreb : vers un tunnel pour relier l’Europe ?

Rabat. Photo: DR

Les grands défis de l’ingénierie souterraine ont façonné notre monde moderne. Du tunnel du Saint-Gothard en Suisse, long de 57 kilomètres, au projet pharaonique du Grand Paris Express avec ses 200 kilomètres de voies, en passant par l’emblématique tunnel sous la Manche reliant la France et le Royaume-Uni, ces ouvrages titanesques repoussent sans cesse les limites du possible. Aujourd’hui, un nouveau projet ambitieux émerge : un tunnel sous-marin entre le Maroc et l’Espagne, promettant de redéfinir les connexions entre l’Afrique et l’Europe.

Un chantier colossal aux multiples enjeux

L’idée de relier les deux rives de la Méditerranée par un tunnel sous le détroit de Gibraltar ne date pas d’hier. Lancé en 1989, ce projet visionnaire a connu de nombreux rebondissements avant de retrouver un second souffle en 2024. La récente visite du ministre espagnol des transports, Óscar Puente, à Rabat, a marqué un tournant décisif. Son engagement à faciliter la rencontre entre sociétés espagnoles et marocaines pour approfondir les études de faisabilité témoigne d’une volonté politique renouvelée.

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Les défis techniques sont considérables. Contrairement au tunnel sous la Manche, les conditions géologiques du détroit de Gibraltar présentent des particularités qui compliquent la tâche des ingénieurs. Le projet prévoit la construction d’un double tunnel ferroviaire de près de 39 kilomètres, dont une grande partie serait immergée à une centaine de mètres sous la surface. Cette prouesse technologique permettrait de relier les deux continents en seulement 30 minutes.

Mais l’ampleur du chantier se mesure aussi à son coût faramineux. Initialement estimé à 13 milliards d’euros il y a trois décennies, le budget pourrait aujourd’hui atteindre les 30 milliards. Un investissement colossal qui soulève des questions quant à sa rentabilité et son financement.

Des enjeux géopolitiques et économiques

Le tunnel sous-marin entre le Maroc et l’Espagne ne se résume pas à un simple ouvrage d’art. Il revêt une dimension stratégique majeure pour les relations euro-africaines. Le réchauffement diplomatique entre Madrid et Rabat, symbolisé par le changement de position de l’Espagne sur la question du Sahara occidental, a créé un climat propice à la relance du projet.

Les retombées économiques attendues sont considérables. Les études prévisionnelles tablent sur un trafic annuel de près de 13 millions de passagers et autant de tonnes de marchandises à l’horizon 2050. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le projet ne se limite plus à une simple liaison point à point. Il prévoit désormais une intégration poussée aux réseaux ferroviaires des deux pays, ouvrant la voie à un véritable corridor de transport transcontinental.

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L’infrastructure pourrait également jouer un rôle clé dans d’autres domaines stratégiques. L’acheminement de communications, de réseaux électriques, voire l’exploitation des courants marins pour la production d’énergie, sont autant de pistes explorées pour optimiser la rentabilité et l’impact du tunnel.

Un pont vers l’avenir

Si le projet se concrétise, il faudra patienter plusieurs décennies avant de voir circuler le premier train sous le détroit de Gibraltar. Mais au-delà des défis techniques et financiers, ce tunnel incarne une vision audacieuse de l’avenir des relations euro-africaines.

En rapprochant physiquement les deux continents, cette liaison fixe pourrait catalyser les échanges économiques, culturels et humains. Elle symboliserait un trait d’union entre deux mondes longtemps séparés par la Méditerranée, ouvrant de nouvelles perspectives de coopération et de développement mutuel.

Cependant, la réussite d’un tel projet ne dépendra pas uniquement de sa faisabilité technique. Elle reposera aussi sur la capacité des pays impliqués à maintenir un climat politique stable et une vision commune sur le long terme. Le tunnel sous la Manche a montré qu’un tel défi pouvait être relevé. Reste à savoir si l’histoire se répètera au sud de l’Europe, traçant une nouvelle voie vers un avenir où l’Afrique et l’Europe seraient plus proches que jamais.

2 réponses

  1. Avatar de Le Baikal
    Le Baikal

    En effet un projet stratégique , mais techniquement , attention à la faille sismique qui s’y trouve . Un simple séisme remettra tout à zéro. C’est une zone sismique contrairement aux autres zones qui ont accueilli les autres tunnels.
    Probleme à ne pas négliger.

  2. Avatar de BETTAZ
    BETTAZ

    bonjour,je pense que c’est défi qui est réalisable et qui peut apporter de bonnes choses pour l économie des pays.

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