Les tensions montent entre le Mali et l’Ukraine depuis plusieurs semaines. Bamako reproche à Kiev d’avoir fourni des renseignements aux groupes armés qui ont attaqué les forces maliennes et les mercenaires russes de Wagner fin juillet dans le nord du pays. Cette accusation a déclenché une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, suivie peu après par le Niger qui a emboîté le pas à son voisin malien. La Russie vient désormais d’entrer dans la danse en pointant du doigt l’Ukraine pour son prétendu soutien au terrorisme en Afrique.
Une escalade diplomatique aux ramifications internationales
Le conflit ukrainien trouve un écho inattendu sur le continent africain. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a lancé une salve d’accusations contre Kiev, l’accusant d’ouvrir un « deuxième front » en Afrique. Selon Moscou, le gouvernement de Volodymyr Zelensky chercherait à déstabiliser les pays africains proches de la Russie en apportant son soutien à des groupes qualifiés de terroristes.
Cette prise de position russe intervient dans un contexte déjà tendu. Le Mali et le Niger ont récemment rompu leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine, invoquant des « actes d’agression caractérisés » et un « soutien au terrorisme international ». Ces décisions font suite aux affrontements meurtriers survenus à Tinzaouatène, dans le nord du Mali, où l’armée malienne et les paramilitaires russes de Wagner ont subi de lourdes pertes face à des groupes rebelles et jihadistes.
Le jeu trouble des services de renseignement
L’implication présumée des services de renseignement ukrainiens dans ces événements a mis le feu aux poudres. Kiev a revendiqué avoir fourni des « informations utiles » ayant contribué aux succès militaires contre ce qu’ils ont qualifié de « criminels de guerre russes ». Cette déclaration a été perçue comme une provocation par les autorités maliennes et nigériennes, qui y ont vu une ingérence inacceptable dans leurs affaires intérieures.
Le Niger, exprimant sa solidarité avec le Mali, a annoncé son intention de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette démarche vise à faire statuer l’instance internationale sur ce que Niamey considère comme une « agression ukrainienne« , illustrant ainsi la volonté des pays sahéliens de donner une dimension mondiale à ce différend.
Un nouvel équilibre des forces en Afrique ?
L’escalade diplomatique entre ces pays africains et l’Ukraine met en lumière les changements géopolitiques à l’Å“uvre dans la région du Sahel. On assiste à un refroidissement des relations entre certains États africains et les puissances occidentales, tandis que l’influence russe gagne du terrain. La présence controversée du groupe Wagner en est l’illustration la plus visible.
L’Ukraine, prise dans cette tourmente, a rejeté les accusations portées à son encontre et a exprimé ses regrets face à ces ruptures diplomatiques qu’elle juge hâtives. Cette situation révèle la complexité des enjeux sécuritaires et diplomatiques dans la région, où les rivalités internationales se mêlent aux défis locaux, créant un enchevêtrement d’alliances et d’antagonismes difficile à démêler.
La crise actuelle pourrait avoir des répercussions durables sur l’équilibre des forces en Afrique. Elle soulève des questions sur l’avenir de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et sur la capacité des pays de la région à naviguer entre les différentes puissances mondiales sans compromettre leur souveraineté.
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