Mali: un magnat du coton condamné pour détournement

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Le Mali, pilier de l’or blanc en Afrique

Le Mali occupe une place prépondérante dans la production de coton sur le continent africain. Surnommé « l’or blanc« , cette culture représente un pilier économique majeur pour le pays sahélien, impliquant des millions de petits producteurs et générant des revenus cruciaux pour l’économie nationale. Historiquement, le Mali s’est hissé parmi les premiers producteurs africains, rivalisant avec des géants comme le Burkina Faso et le Bénin. Cette position stratégique a naturellement engendré la création d’organisations puissantes pour encadrer et développer la filière, dont la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton. C’est dans ce contexte d’importance capitale pour l’économie malienne que s’inscrit l’affaire judiciaire qui secoue actuellement le secteur.

La chute d’un « roi » et ses répercussions

Bakary Togola, figure emblématique du secteur cotonnier malien, vient de voir son empire s’effondrer. Surnommé le « roi du coton », cet homme influent a été condamné à cinq ans de prison ferme et à une amende de 10 millions de francs CFA pour détournement de fonds. Cette sentence, prononcée par la cour d’assises de Bamako, marque un revirement spectaculaire par rapport à son acquittement lors d’un premier procès en novembre 2021. L’affaire, qui porte sur la disparition de plus de neuf milliards de francs CFA entre 2013 et 2019, a mis en lumière les dérives au sein de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton.

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Le verdict ne se limite pas à la peine de prison. Togola et ses quatre co-accusés, tous occupant des postes clés au sein de l’organisation, devront également rembourser près de huit milliards de francs CFA. Cette décision judiciaire ébranle les fondations mêmes du secteur cotonnier malien, remettant en question la gestion des ressources censées bénéficier aux producteurs.

Un débat juridique et économique

Le procès, qui a duré plus d’une semaine, a soulevé des questions cruciales sur la nature des fonds en jeu. La défense a tenté de justifier l’utilisation de l’argent par des dépenses liées à la formation des producteurs et au fonctionnement des fédérations régionales. Cependant, le ministère public a réussi à convaincre la cour que ces fonds, bien que n’appartenant pas directement à l’État, relevaient des biens sociaux des coopératives.

Cette distinction subtile entre biens publics et biens sociaux ouvre un débat plus large sur la gouvernance des organisations agricoles en Afrique. Les avocats de la défense, mécontents du verdict, évoquent une possible incompatibilité avec les textes de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires), soulignant la complexité juridique de telles affaires dans le contexte régional.

L’affaire Togola pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières maliennes. Elle met en lumière les défis de transparence et de gestion auxquels font face les grandes organisations agricoles du continent. Dans un secteur aussi vital que le coton, où les enjeux économiques et sociaux sont considérables, cette affaire pourrait catalyser des réformes dans la gouvernance des coopératives agricoles à travers l’Afrique de l’Ouest.

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