Dans la société béninoise, il n’est pas rare de voir des parents battre leurs enfants, les punir ou les humilier à l’école ou dans le quartier parce que ces derniers continuent de faire pipi au lit, notamment la nuit, à un certain âge. Cependant, ce phénomène appelé énurésie nocturne peut être le signal d’un problème médical ou psychologique.
Un retard du développement ou un trouble neurodéveloppemental peut être à la base d’une énurésie chez un grand enfant. D’après le pédopsychiatre Racine de Pascal Viou, la question de pipi au lit pour les enfants est normale et physiologique à la base. Parce que l’enfant ne naît pas avec des compétences liées à la propreté. Il apprend progressivement à ne plus faire la selle ou à ne plus uriner sur lui-même. On distingue deux types d’énurésie. Les énurésies primaires et les énurésies secondaires. On parle d’énurésie primaire lorsque l’enfant n’a jamais acquis la propreté liée aux urines, particulièrement la nuit. Il n’a jamais appris à ne plus faire pipi sur lui la nuit jusqu’à ce qu’il grandisse et qu’il devienne un grand enfant de 6, 7 ou 8 ans et qu’il continue à faire pipi au lit. Les énurésies secondaires, c’est quand l’enfant a pu acquérir la propreté complète au moins pendant six à un an et qu’il a recommencé à faire pipi sur lui. Ce cas doit interpeller les parents.
En effet, dans un développement normal, on peut s’attendre à ce que l’enfant acquiert la propreté liée aux urines la nuit déjà à cinq ans, six ans. Les énurésies primaires sont pour la plupart des problèmes d’éducation à la propreté. ‹‹ L’enfant déjà autour de deux ans et demi, trois ans, les parents doivent s’évertuer à lui apprendre la discipline de l’hygiène. Ils doivent lui apprendre à faire pipi systématiquement avant d’aller au lit. Et dans la nuit, quand les parents se réveillent eux-mêmes pour faire leurs besoins, ils doivent réveiller aussi l’enfant pour qu’il fasse pipi ››, indique le pédopsychiatre. Il précise que pour réussir dans ce processus, il faut avoir un pot à côté du lit pour que l’enfant n’ait pas à s’éloigner de son lit ou affronter le noir avant d’uriner au cours de la nuit. Pour éviter l’énurésie primaire, il faut une éducation précoce liée à la propreté des urines. Si le problème éducatif est écarté, cette énurésie chez l’enfant peut être aussi due à des problèmes psychologiques. Ça peut être aussi lié au cadre de vie de l’enfant. ‹‹ L’enfant peut avoir des terreurs nocturnes s’il a par exemple, peur du noir. Si la chambre n’est pas un peu éclairée la nuit, il peut faire pipi de façon consciente sur le lit ››, notifie le pédopsychiatre Racine de Pascal Viou.
Problème psychologique
S’agissant d’une énurésie secondaire, lorsque toutes les raisons médicales sont écartées, elle peut être liée à des perturbations psychologiques. Ça peut être des conflits entre les parents, où l’enfant se sent très mal et souffre psychologiquement parce qu’il y a la tension à la maison. Certains enfants peuvent être pris dans un conflit de loyauté. ‹‹Lorsqu’il y a de problèmes entre les parents et on manipule l’enfant. Chacun des parents vient lui parler en mal de l’autre qu’il aime tant. Un enfant qui subit du harcèlement scolaire et qui n’arrive pas à en parler à ses parents peut avoir l’énurésie secondaire››, a expliqué le docteur Racine de Pascal Viou. Sans oublier les enfants qui subissent de la maltraitance de toute sorte, les enfants qui ont été abusés sexuellement. Lorsque l’enfant avait déjà acquis les compétences concernant la propreté liée à l’urine et qu’il reprend subitement, il faut que les parents se posent des questions et le fassent examiner par l’urologue pour être sûr que ce n’est pas lié à une question médicale. Ensuite, il faut amener l’enfant chez un psychologue, un psychiatre en l’occurrence un pédopsychiatre pour évaluer les raisons de ces troubles chez l’enfant. ‹‹Ce qui se passe chez l’enfant quand il y a l’énurésie, surtout secondaire, est très vaste. Quand ça survient, la solution n’est pas le bâton, les punitions ou stigmatisations. Ce n’est pas la honte que vous jetez à l’enfant. Les humiliations infligées à l’enfant aggravent la situation en créant des complexes graves en lui››, avertit le pédopsychiatre.
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