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Afrique: la nation Arc-en-ciel de Mandela est un échec !

Nelson Mandela (Photo DR)

Le magazine français « Envoyé spécial » a récemment réalisé un documentaire saisissant sur le Kommandokorps, un groupe paramilitaire suprémaciste blanc en Afrique du Sud. Cette enquête révèle une réalité troublante, loin de l’idéal de société harmonieuse rêvée par Nelson Mandela il y a trois décennies. Trente ans après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud peine à concrétiser le rêve d’unité et d’harmonie raciale porté par son illustre leader. Le pays reste profondément divisé, le fossé entre communautés se creusant davantage sous l’effet des inégalités persistantes et de la montée des extrémismes.

La résurgence inquiétante du suprémacisme blanc

Au cœur de cette dérive se trouve le Kommandokorps, composé d’anciens soldats ayant servi sous le régime de l’apartheid. Sous couvert de « protéger » la minorité afrikaner, ces nostalgiques de la domination blanche organisent des camps d’entraînement pour endoctriner les enfants dès leur plus jeune âge. Ces « colonies de vacances » d’un genre particulier ressemblent davantage à des camps militaires, où des moniteurs en uniforme et armés inculquent aux participants une idéologie raciste et xénophobe.

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L’endoctrinement commence dès l’aube, avec des réveils brutaux et des exercices physiques épuisants. Mais c’est surtout à travers un discours ouvertement raciste que les « formateurs » cherchent à façonner l’esprit des jeunes. Ils dépeignent la population noire, pourtant majoritaire à 80% dans le pays, comme une menace existentielle pour la communauté blanche. Les enfants se voient enseigner que tout mélange racial équivaut à une forme de dégénérescence, comparant de manière grotesque les unions interraciales à des croisements contre-nature entre espèces animales.

Cette rhétorique nauséabonde vise à instiller chez ces jeunes esprits malléables un sentiment de peur et de supériorité raciale. En présentant la population noire comme incapable de discerner le bien du mal, les instructeurs du Kommandokorps perpétuent les préjugés les plus abjects de l’ère apartheid. Ils justifient leur action en prétendant vouloir « alerter » la communauté blanche face à un prétendu danger, alimentant ainsi un cycle vicieux de méfiance et de haine intercommunautaire.

La mobilisation de la majorité noire

Face à cette résurgence du suprémacisme blanc, la majorité noire sud-africaine ne reste pas passive. Consciente des enjeux et déterminée à ne pas revivre les heures sombres de l’apartheid, elle s’organise pour défendre ses droits et son avenir. Cette mobilisation prend diverses formes, allant de l’activisme politique à l’engagement citoyen, en passant par des mouvements de revendication économique et sociale.

Dans ce contexte, Julius Malema émerge comme une figure emblématique de cette nouvelle génération de leaders noirs sud-africains. À la tête des Combattants pour la Liberté Économique (EFF), Malema incarne une volonté farouche de transformation radicale de la société sud-africaine. Son discours, souvent qualifié de provocateur, résonne auprès d’une jeunesse noire frustrée par la lenteur des changements depuis la fin de l’apartheid.

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Malema et l’EFF militent pour une redistribution plus équitable des terres et des ressources économiques, arguant que la fin du régime de l’apartheid n’a pas mis un terme aux inégalités structurelles qui continuent de désavantager la majorité noire. Pour eux, il s’agit d’une lutte existentielle visant à garantir un avenir digne à la population noire sud-africaine et à prévenir tout retour en arrière vers un système d’oppression raciale.

L’échec des politiques de réconciliation


L’existence même de groupes extrémistes comme le Kommandokorps et la montée en puissance de mouvements radicaux au sein de la communauté noire témoignent de l’échec des politiques de réconciliation nationale. Malgré les efforts de Nelson Mandela pour bâtir une société multiraciale unie, les plaies du passé peinent à se refermer. Les inégalités économiques et sociales persistantes entre communautés alimentent les ressentiments et offrent un terreau fertile aux discours extrémistes de part et d’autre.

La transition démocratique, si elle a mis fin au système légal de ségrégation, n’a pas suffi à effacer des décennies de division et de domination raciale. La majorité noire, longtemps privée de ses droits les plus élémentaires, porte encore les stigmates de cette période sombre. De l’autre côté, une frange de la minorité blanche, craignant de perdre ses privilèges, se réfugie dans un repli communautaire teinté de paranoïa.

Vers un avenir incertain

L’Afrique du Sud se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. L’idéal d’une nation unie dans sa diversité, porté par Mandela et symbolisé par l’image de l’ »arc-en-ciel », semble plus que jamais menacé. Le pays doit urgemment trouver les moyens de renouer le dialogue entre communautés et de lutter efficacement contre toutes les formes d’extrémisme, qu’elles émanent de groupes suprémacistes blancs ou de mouvements radicaux au sein de la population noire.

L’éducation des nouvelles générations jouera un rôle crucial dans ce processus. Il est impératif de promouvoir des valeurs d’ouverture et de tolérance tout en abordant de front les injustices historiques et contemporaines. Parallèlement, le gouvernement doit s’attaquer aux racines profondes des tensions intercommunautaires en réduisant les inégalités économiques et en offrant des perspectives d’avenir à toute la population, indépendamment de son origine ethnique.

Le chemin vers une véritable réconciliation nationale s’annonce encore long et semé d’embûches. Mais c’est de la capacité des Sud-Africains à surmonter leurs divisions et à construire un avenir commun que dépendra la survie même du projet de « nation arc-en-ciel » cher à Mandela. L’alternative – une société profondément polarisée et rongée par des ressentiments mutuels – serait un échec cuisant pour ce pays qui a tant lutté pour se libérer du joug de l’apartheid et construire une démocratie inclusive.

Une réponse

  1. Avatar de Pata Pata
    Pata Pata

    Après Papa Mandela, tous ceux qui sont arrivés Thabo Mbeki, Zouma le profiteur et l’actuel président le riche au gros nez Cyril Ramaphosa, n’ont visé que leurs poches et leurs proches
    Dommage pour mon peuple Xulu

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