Cacao en Afrique: ce pays augmente drastiquement le prix des fèves

Photo Marmiton

L’Afrique de l’Ouest domine le marché mondial du cacao, avec la Côte d’Ivoire et le Ghana en tête de liste. Ces deux géants produisent à eux seuls plus de 60% de l’or brun mondial, suivis par le Nigeria et le Cameroun. Cette prépondérance s’explique par des conditions climatiques idéales et une longue tradition de culture. Toutefois, ce secteur vital pour l’économie régionale fait face à de nombreux défis, allant des fluctuations des prix mondiaux aux changements climatiques, en passant par les problématiques sociales comme le travail des enfants. Les gouvernements et les organismes internationaux œuvrent pour améliorer la durabilité et l’équité dans la filière, conscients de son importance cruciale pour le développement économique et social de millions de petits producteurs.

Le Ghana secoue le marché du cacao

Le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, vient de prendre une décision audacieuse qui pourrait remodeler le paysage de l’industrie cacaoyère. Les autorités ghanéennes ont annoncé une augmentation spectaculaire de 45% du prix des fèves pour la saison 2024-2025. Cette mesure sans précédent fait passer le prix d’un sac de 64 kg de fèves de 132 à 192 dollars, portant le prix à la tonne à environ 3 000 dollars, contre 1 335 dollars au début de la saison précédente.

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Cette décision radicale s’apparente à un coup de poker dans un secteur où les fluctuations de prix sont généralement plus modérées. Elle vise à contrecarrer la contrebande qui sévit aux frontières du pays, où les producteurs sont tentés d’exporter illégalement leurs récoltes pour profiter de tarifs plus avantageux. La hausse des prix pourrait également inciter les agriculteurs à investir davantage dans leurs exploitations, potentiellement atténuant la pénurie mondiale de l’offre qui a propulsé les cours à des sommets historiques.

Un secteur vital sous pression

Le cacao représente environ 10% du PIB ghanéen et fait vivre près d’un million d’habitants sur une population totale de 33 millions. Cependant, ce secteur crucial traverse une période tumultueuse. Les récoltes ont diminué ces dernières années, principalement en raison de conditions météorologiques défavorables. Parallèlement, les coûts de production ont grimpé en flèche, avec des prix d’engrais et de matériaux en hausse constante. Le mauvais état des infrastructures routières a également gonflé les coûts de transport, réduisant drastiquement les marges des agriculteurs.

Face à ces défis, le secteur a perdu du terrain. Selon le Ghana Cocoa Board (Cocobod), l’organisme public régulateur, environ 500 000 hectares de cultures de cacao ont disparu ces dernières années, soit près de 29% des terres autrefois dédiées à cette culture emblématique. Cette situation alarmante a poussé les autorités à agir de manière décisive pour revitaliser le secteur.

Vers une nouvelle ère pour l’or brun ?

L’augmentation drastique du prix du cacao au Ghana pourrait avoir des répercussions bien au-delà de ses frontières. Sur le marché mondial, les cours du cacao atteignent déjà des sommets, dépassant récemment les 7 000 dollars la tonne à New York. Cette flambée des prix reflète non seulement les difficultés de production au Ghana et en Côte d’Ivoire, mais aussi une demande mondiale en constante augmentation.

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La décision du Ghana pourrait inciter d’autres pays producteurs à revoir leurs politiques de prix, créant potentiellement un effet domino sur l’ensemble du marché. Pour les consommateurs, cela pourrait se traduire par une augmentation du prix du chocolat et des produits dérivés du cacao. Néanmoins, cette hausse des prix pourrait également stimuler l’innovation dans le secteur, encourageant les producteurs à adopter des pratiques plus durables et à investir dans la modernisation de leurs exploitations.

Alors que le Ghana espère voir sa production nationale remonter à 800 000 tonnes en 2024, l’avenir du cacao en Afrique de l’Ouest semble à la croisée des chemins. Entre défis climatiques, pressions économiques et ambitions de développement durable, le secteur est appelé à se réinventer. La décision audacieuse du Ghana pourrait bien être le catalyseur d’une transformation profonde de l’industrie cacaoyère mondiale, redéfinissant les règles du jeu pour tous les acteurs de la chaîne de valeur, des petits producteurs aux grands chocolatiers.

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