Le Mali, troisième producteur d’or en Afrique, brille par ses richesses souterraines mais peine à en tirer pleinement profit. Malgré une production aurifère officielle de 72,5 tonnes en 2023 et un secteur minier représentant 10% du PIB, 20% des revenus de l’État et 80% des exportations, le pays sahélien fait face à un paradoxe persistant. Ses trésors dorés, au lieu d’illuminer l’économie nationale, semblent se perdre dans les méandres de pratiques financières opaques, privant ainsi la population des retombées légitimes de cette manne naturelle. Face à ce constat, les autorités maliennes ont décidé de prendre le taureau par les cornes, en lançant une vaste opération de régulation du secteur minier.
Un audit révélateur et des négociations cruciales
Un audit minutieux des sociétés minières, mené entre 2022 et 2023, a mis en lumière l’ampleur du problème. Les chiffres sont vertigineux : un manque à gagner estimé entre 300 et 600 milliards de francs CFA pour les caisses de l’État, soit près d’un milliard de dollars. Cette révélation a sonné comme un électrochoc pour le gouvernement malien, qui s’est aussitôt lancé dans une série de négociations avec les compagnies minières. L’objectif était clair : rectifier le tir et s’assurer que les richesses du sous-sol malien profitent davantage à la nation.
Ces pourparlers, menés tambour battant, ont abouti à plusieurs accords révisant les termes de l’exploitation minière au Mali. Tels des orfèvres travaillant le métal précieux, les négociateurs ont cherché à façonner des ententes plus équitables, visant à accroître la part des bénéfices revenant à l’État. Cette démarche peut être comparée à un rééquilibrage de la balance, où le plateau de l’intérêt national, longtemps désavantagé, retrouve enfin son juste poids.
Un arsenal juridique renforcé pour lutter contre les infractions financières
Pour consolider ces avancées et prévenir de futures dérives, le gouvernement malien a décidé de muscler son arsenal juridique. Le 11 septembre 2024, un décret crucial a été adopté en Conseil des ministres, modifiant un texte de 2016 relatif aux infractions financières. Cette mise à jour législative vise à affiner les règles régissant les transactions entre les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), avec un focus particulier sur le secteur minier.
Ce nouveau cadre juridique peut être vu comme un filet aux mailles plus serrées, conçu pour capturer les irrégularités financières qui échappaient jusqu’alors aux autorités. Il définit notamment les conditions dans lesquelles des transactions peuvent être conclues pour éviter des poursuites judiciaires en cas d’infraction financière. Cette approche témoigne d’une volonté de trouver un équilibre entre la sanction et la régularisation, dans l’optique de préserver les intérêts économiques et financiers essentiels de l’État tout en maintenant un climat propice aux investissements dans le secteur minier.
Vers une nouvelle ère de transparence et d’équité
L’initiative malienne de réforme du secteur minier s’inscrit dans une tendance plus large observée sur le continent africain. De plus en plus de pays riches en ressources naturelles cherchent à rééquilibrer leurs relations avec les multinationales extractives, afin de s’assurer que leurs populations bénéficient équitablement de ces richesses.
Cette démarche du Mali pourrait servir de modèle à d’autres nations confrontées à des défis similaires. Elle illustre la possibilité de concilier les intérêts des investisseurs étrangers avec ceux de l’État hôte, dans une logique de partenariat gagnant-gagnant. À terme, cette nouvelle approche pourrait contribuer à transformer la malédiction des ressources, souvent évoquée pour expliquer le paradoxe de pays riches en minerais mais économiquement pauvres, en une véritable bénédiction pour le développement national.
Le chemin vers une exploitation minière plus juste et transparente au Mali reste long et semé d’embûches. Cependant, les mesures prises par le gouvernement témoignent d’une volonté réelle de changement. Si elles sont correctement mises en œuvre et suivies dans la durée, ces réformes pourraient bien marquer le début d’une nouvelle ère pour le secteur minier malien, où les pépites d’or extraites du sol se transformeraient enfin en opportunités concrètes de développement pour l’ensemble de la population.
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