Le Maghreb, carrefour entre l’Afrique et l’Europe, connaît depuis plusieurs années une dynamique de développement soutenue. Les pays de cette région, conscients des défis économiques et sociaux auxquels ils font face, ont mis en place diverses stratégies pour stimuler leur croissance et améliorer le niveau de vie de leurs populations. Ces efforts se traduisent par des réformes structurelles, des investissements dans les infrastructures et une ouverture accrue aux capitaux étrangers. Parmi ces nations, le Maroc se distingue par une approche particulièrement volontariste en matière d’investissements publics, comme en témoignent les chiffres récemment publiés par le Conseil de la concurrence.
Un bond spectaculaire des investissements publics
L’année 2023 marque un tournant dans la politique d’investissement du Royaume chérifien. Avec 300 milliards de dirhams injectés dans l’économie, le Maroc pulvérise ses records précédents. Cette somme colossale représente une augmentation de plus de 22% par rapport à l’année précédente et de près de 54% comparé à 2019. Ce niveau d’engagement financier, comparable à l’édification d’une nouvelle ville ultramoderne chaque année, témoigne de l’ambition marocaine de se positionner comme un hub économique majeur dans la région.
Cette manne financière n’est pas tombée du ciel comme une pluie bienfaisante sur un désert assoiffé. Elle résulte d’une stratégie mûrement réfléchie, axée sur des projets structurants et des événements d’envergure internationale. Le pays mise sur l’effet multiplicateur de ces investissements pour galvaniser l’ensemble de son tissu économique, à l’image d’un catalyseur qui accélère une réaction chimique sans se consumer.
Vers un rééquilibrage public-privé
Si l’État marocain joue actuellement le rôle de locomotive économique, l’objectif à long terme est de passer le relais au secteur privé. Le Conseil de la concurrence affiche clairement cette ambition : d’ici 2035, les investissements privés devraient représenter les deux tiers du total des investissements dans le pays. Cette transition, comparable à l’apprentissage de la marche pour un enfant, nécessite un accompagnement étroit et des mesures incitatives adaptées.
Le nouveau pacte d’investissement constitue la pierre angulaire de cette stratégie. Il vise à lever les obstacles qui freinent l’essor du secteur privé, notamment l’accès au financement et au foncier. Ces mesures, telles des clés ouvrant des portes jusqu’alors verrouillées, doivent permettre aux PME et TPE de bénéficier des mêmes opportunités que les grandes entreprises. Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, avec son plan d’action 2023-2025 doté de 120 milliards de dirhams, incarne cette volonté de stimuler les investissements productifs et durables.
Un écosystème en pleine mutation
La transformation de l’économie marocaine ne se limite pas à l’injection massive de capitaux. Le pays entreprend une refonte en profondeur de son cadre réglementaire et de ses institutions. L’adoption de nouveaux textes législatifs vise à renforcer la gouvernance et le contrôle financier des entreprises publiques, créant ainsi un environnement plus transparent et propice aux affaires.
Cette évolution rappelle la métamorphose d’un papillon : le cocon protecteur de l’État se desserre progressivement pour laisser émerger une économie plus agile et diversifiée. La simplification des procédures administratives et l’amélioration du climat des affaires constituent les ailes qui doivent permettre à cette nouvelle économie de prendre son envol.
Le pari du Maroc est audacieux mais calculé. En stimulant massivement l’investissement public, le pays cherche à créer un effet d’entraînement capable d’attirer les capitaux privés nationaux et étrangers. Cette stratégie, si elle porte ses fruits, pourrait bien faire du Royaume un modèle de développement pour l’ensemble du Maghreb et au-delà . L’avenir dira si cette alchimie économique parviendra à transformer les dirhams investis aujourd’hui en or de la croissance de demain.
Laisser un commentaire