Les relations entre le Maroc et l’Algérie, deux géants du Maghreb, demeurent tendues depuis des décennies. La fermeture des frontières terrestres depuis 1994, les différends sur le Sahara occidental et les rivalités économiques et géopolitiques ont créé un climat de méfiance persistant. Ces tensions se manifestent régulièrement dans divers domaines, y compris le sport, censé être un vecteur de rapprochement entre les peuples. Récemment, un nouvel épisode est venu raviver les braises de ce conflit latent, mettant en lumière la profondeur des antagonismes qui subsistent entre ces deux nations voisines.
Une hostilité qui s’invite sur les terrains de football
Lors d’un match des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, prévue au Maroc, opposant l’Algérie à la Guinée équatoriale, un incident diplomatique inattendu s’est produit. La télévision algérienne a pris la décision de masquer le tableau d’affichage du score et du temps de jeu, dont les couleurs, choisies par la Confédération africaine de football (CAF), rappelaient celles du drapeau marocain : le rouge et le vert. Cette action, passée inaperçue pour la plupart des téléspectateurs internationaux, n’a pas manqué d’être remarquée et commentée par les observateurs attentifs des relations maghrebines.
Ce geste, apparemment anodin, revêt une signification particulière dans le contexte des relations tumultueuses entre les deux pays. Il témoigne d’une volonté de gommer toute référence, même indirecte, au voisin marocain, y compris dans un cadre sportif qui devrait transcender les querelles politiques. Cette attitude reflète la profondeur de la rupture diplomatique entre Alger et Rabat, où chaque symbole devient un terrain d’affrontement.
Les répercussions d’un conflit qui dépasse les frontières
L’incident du tableau d’affichage n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans une longue série d’accrocs diplomatiques et sportifs entre les deux nations. On se souvient notamment de l’annulation d’un match amical entre les équipes nationales suite à un désaccord sur le port de maillots. Ces frictions répétées dans le domaine sportif illustrent comment les tensions politiques contaminent tous les aspects des relations bilatérales, y compris ceux qui devraient favoriser le rapprochement et l’échange.
Face à cet épisode, la réaction de nombreux Marocains ne s’est pas fait attendre. Certains ont appelé à des mesures de rétorsion symboliques, comme l’affichage ostentatoire de la carte du Maroc dans les stades qui accueilleraient l’équipe algérienne lors de la CAN 2025, si celle-ci venait à se qualifier. Cette surenchère de provocations symboliques montre à quel point le conflit s’est enraciné dans les mentalités, alimentant un cycle de réactions et contre-réactions qui ne fait qu’exacerber les tensions existantes.
Vers une réconciliation improbable ?
L’incident du tableau d’affichage, aussi mineur soit-il en apparence, soulève des questions plus larges sur l’avenir des relations entre le Maroc et l’Algérie. Il met en lumière la difficulté de surmonter des décennies de méfiance et d’hostilité, même dans des domaines a priori neutres comme le sport. La perspective d’une normalisation des relations semble s’éloigner à mesure que ces micro-incidents se multiplient, renforçant les positions de chaque côté.
Pourtant, l’organisation de la CAN 2025 au Maroc pourrait offrir une opportunité unique de dépasser ces clivages. L’événement sportif continental pourrait servir de catalyseur pour amorcer un dialogue constructif, à condition que les deux parties fassent preuve de volonté politique. La participation éventuelle de l’Algérie à cette compétition sur le sol marocain constituerait un test crucial pour la capacité des deux nations à mettre de côté leurs différends au nom du sport et de la fraternité africaine.
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