Les relations entre le Maroc et l’Algérie, deux poids lourds du Maghreb, demeurent empreintes d’une méfiance tenace. Leur antagonisme historique, enraciné dans des différends territoriaux et idéologiques, ne cesse de resurgir sous de nouvelles formes. La fermeture de leurs frontières terrestres depuis 1994 symbolise cette rupture profonde. Les désaccords sur le statut du Sahara occidental et la compétition pour l’influence régionale alimentent constamment les tensions. Récemment, la normalisation des relations entre le Maroc et Israël a exacerbé les divergences, l’Algérie y voyant une menace pour l’équilibre régional. Cette atmosphère délétère se traduit par des accusations mutuelles et des mesures de rétorsion, illustrant la fragilité du tissu diplomatique maghrébin.
Une opération migratoire sous haute tension
L’ancien ministre marocain Mohammed Ben Abdelkader vient de raviver les braises de ce conflit latent. Sur la plateforme « X », il a ouvertement pointé du doigt l’Algérie sans la nommer, l’accusant d’être le cerveau d’une tentative d’infiltration massive vers l’enclave espagnole de Ceuta. Selon ses dires, les services de renseignement du pays auraient orchestré une opération baptisée « Castillejo », visant à submerger la ville frontalière le 15 septembre. Cette manœuvre aurait impliqué des centaines de migrants, majoritairement mineurs, instrumentalisés dans ce qui s’apparenterait à une guerre froide moderne entre les deux nations.
L’art de la guerre par procuration
Ben Abdelkader n’a pas mâché ses mots, qualifiant l’opération de « cynique » et accusant son voisin d’exploiter la vulnérabilité de jeunes migrants parmi lesquels figuraient de nombreux marocains. Cette accusation rappelle les tactiques de déstabilisation employées durant la Guerre Froide, où les superpuissances s’affrontaient indirectement sur des terrains tiers. Ici, la frontière hispano-marocaine devient l’échiquier d’un jeu géopolitique plus vaste, où les pions sont des êtres humains en quête d’un avenir meilleur.
Le Maroc, rempart ou bouc émissaire ?
Face à ces allégations, le Maroc se pose en défenseur de la stabilité régionale. Ben Abdelkader a salué l’efficacité des services de sécurité marocains, les créditant d’avoir déjoué ce qu’il perçoit comme une machination algérienne. Cette posture de gardien des frontières européennes n’est pas sans rappeler le rôle complexe que joue le Maroc dans la gestion des flux migratoires vers l’Europe. Toutefois, elle soulève également des questions sur l’instrumentalisation potentielle de la question migratoire dans les relations diplomatiques tumultueuses entre les deux voisins maghrébins.
Des accusations graves… sans preuves
Il convient de souligner qu’aucune preuve tangible n’a été apportée pour étayer les accusations de Mohammed Ben Abdelkader. Les allégations de l’ancien ministre marocain restent à ce jour non vérifiées. De son côté, la presse algérienne n’a pas tardé à réagir, dénonçant vigoureusement ces accusations qu’elle qualifie de fallacieuses et infondées. Cependant, les médias algériens n’ont pas non plus fourni d’éléments probants pour réfuter catégoriquement ces allégations. Cette situation illustre une fois de plus la tension palpable entre les deux pays, où les accusations mutuelles font souvent office de communication diplomatique, alimentant un climat de suspicion permanente sans nécessairement refléter la réalité des faits sur le terrain.
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