La justice béninoise se penchera sur l’affaire Steve Amoussou ce jour 7 octobre 2024. Enlevé à Adidogomè, une banlieue togolaise le 12 août 2024, Steve Amoussou a été déposé en prison au Bénin après sa présentation le 20 août 2024 au Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
Ce jour 7 octobre 2024 s’ouvre à la Criet le procès de Steve Amoussou. Béninois résidant à Lomé jusqu’à son enlèvement le 12 août 2024, il avait été présenté dans un premier temps comme le web activiste « Frère Hounvi » avant de déclarer lui-même à son audition qu’il n’était pas ce dernier. Son enlèvement et sa détention par la justice béninoise a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. La justice togolaise a émis en effet des mandats d’arrêt contre 3 Béninois soupçonnés d’avoir enlevé Steve Amoussou, après avoir mis aux arrêts deux autres personnes, une Béninoise résidant au Togo et un jeune Togolais qui seraient les complices de ses ravisseurs.
Le 3 septembre 2024, la justice béninoise a condamné deux personnes pour l’enlèvement de Steve Amoussou. Il faut rappeler que ces deux personnes font parties de ceux qui sont recherchés par la justice togolaise. Le troisième, Ouanilo Jérôme Mèdégan Fagla (Directeur général du Centre National d’Investigations Numérique au Bénin), a été blanchi par la Criet mais, il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt au Togo. Steve Amoussou comparaît ce jour pour les chefs d’accusation de “harcèlement par voie électronique, initiation et publication de fausses nouvelles par le biais des réseaux sociaux et provocation directe à la rébellion”.
Pour Me Renaud Agbodjo, l’un des avocats de Steve Amoussou, le premier problème qui se pose est que son client se trouvait au moment de son interpellation, dans un espace territorial qui n’est pas régi par la puissance publique du Bénin. Le deuxième problème juridique évoqué se pose aussi au niveau des conditions d’interpellation. Fréjus Atindoglo estime qu’un Etat responsable et sérieux ne peut pas organiser un enlèvement contre l’un de ses citoyens, même si celui-ci réside à l’étranger. L’État dispose de moyens juridiques pour appréhender tout citoyen ayant commis une infraction et ces moyens sont encadrés par le Code de procédure pénale en vigueur au Bénin informe – t – il.
A ceux qui jugent illégale l’opération, Apollinaire Akoutodji, Diplômé de l’École nationale d’administration et de la magistrature du Bénin, les invite à consulter la loi 2016-021 du 24 août 2016 portant statut des réfugiés au Togo et la loi 2022-31 du 20 décembre 2022 qui fixe les conditions d’obtention du statut de réfugié au Bénin. Outre ces deux textes cités, le spécialiste invite également à la lecture de la convention de Genève du 28 juillet 1951. Cette loi, fait-il remarquer, fait mention en son article 2, des devoirs et des obligations de quelqu’un qui a le statut de réfugié. « Ce n’est pas parce que Steve Amoussou a la carte de réfugié qui confirme qu’il est réfugié qu’il est pénalement immunisé ou jouit de l’immunité judiciaire”, a-t-il déclaré.
Il y a quelques jours, la famille de Steve Amoussou se disait très inquiète. Elle disait vivre depuis le 12 août 2024, une épreuve tragique suite à l’enlèvement de leur frère, Steve Amoussou, survenu au Togo et appelait à une mobilisation nationale et internationale pour sa libération.
« Depuis le 12 Août 2024, notre famille traverse une épreuve difficile. Notre frère Steve Amoussou a été enlevé au Togo par 4 individus venus du Bénin. Steve avait été brutalisé et presque étranglé par ses assaillants. Nous avons exprimé notre dégoût et notre déception face à ce crime commis contre notre frère et notre famille. Car, à bien y penser, la réalité des circonstances actuelles nous impose de reconnaître que c’est ceux-là mêmes qui devraient être notre recours face aux abus d’une justice biaisée, qui s’en prennent à notre frère. Au Bénin actuel, même dans leur pire souffrance, les populations ont perdu le droit de se plaindre, d’avoir une opinion ou de simplement revendiquer leurs droits. Nous voulons ici remercier toutes les personnes, organisations et institutions qui nous soutiennent, qui prient et militent pour sa libération. Vous êtes la preuve que tout ce qui est nécessaire à un meilleur monde, c’est juste d’avoir le courage d’être humain », avait déclaré la famille dans une lettre ouverte publiée le 28 septembre 2024.
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