Les BRICS représentent désormais une force économique et politique majeure avec l’arrivée de six nouveaux membres en 2024 : l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie, les Émirats Arabes Unis et l’Argentine. Cette alliance regroupe maintenant 11 pays qui totalisent plus de 45% de la population mondiale et près de 30% du PIB global. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud ont construit progressivement une alternative aux institutions financières traditionnelles, notamment avec la création de la Nouvelle Banque de Développement des BRICS.
Les enjeux d’un nouveau système de paiement
Le récent sommet de Kazan a présenté le système BRICS Pay, un projet d’infrastructure de paiement autonome. Cette initiative prévoit la création d’une unité de compte électronique permettant aux pays membres d’effectuer leurs échanges en devises nationales comme le yuan, la roupie ou le rouble. Cette transition pourrait réduire l’utilisation du dollar dans les échanges internationaux de 20 à 40%, tandis que l’euro verrait son rôle diminuer de 5 à 10%. Le système constituerait une option alternative aux réseaux de paiement traditionnels, modifiant les mécanismes d’échange entre économies émergentes.
Un bouleversement géopolitique et économique
La portée de BRICS Pay dépasse le cadre purement financier. Pour les États-Unis, cette initiative menace la position dominante du dollar, instrument clé de leur influence internationale. Pour la Russie et l’Iran, ce système offrirait une protection contre les sanctions américaines en réduisant leur dépendance au dollar. La Chine y voit une opportunité d’internationaliser le yuan, tandis que les autres membres cherchent à diversifier leurs options monétaires. Ces divergences d’intérêts soulèvent des questions sur la viabilité à long terme du projet.
Les discussions de Kazan reflètent la complexité des relations économiques mondiales actuelles. Le ministère russe des Finances rapporte un consensus autour du projet, mais sa mise en œuvre nécessitera de surmonter des obstacles techniques et politiques considérables. L’adoption d’un tel système exigerait une coordination étroite entre des économies aux structures et aux intérêts parfois divergents.
La transformation du système financier international implique des ajustements majeurs pour tous les acteurs. Les pays occidentaux devront adapter leurs stratégies face à l’émergence de circuits financiers parallèles. Les nations émergentes devront prouver leur capacité à maintenir la stabilité d’un système alternatif. Les entreprises internationales pourraient devoir gérer simultanément plusieurs systèmes de paiement, augmentant la complexité de leurs opérations.
BRICS Pay illustre les mutations profondes des relations économiques internationales. Ce projet révèle les tensions entre la volonté d’autonomie des pays émergents et le maintien du système actuel. Son succès dépendra de la capacité des BRICS à surmonter leurs différences et à proposer un système fiable et efficace. L’évolution de cette initiative façonnera l’architecture financière mondiale des prochaines décennies, sans garantie sur sa forme définitive.
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