Derniers déballages de Bourgi : la France au cœur d’une crise de confiance en Afrique

Robert Bourgi (© BERNARD BISSON/JDD/SIPA)

Les déclarations récentes de Robert Bourgi sur l’ingérence de la France dans les politiques intérieures dans certains pays africains résonnent comme un écho désagréable d’un passé que l’on croyait révolu. Alors que la France cherche à renforcer ses liens avec le continent africain, ces révélations ne font que raviver les tensions et alimenter un climat de méfiance qui ne cesse de se creuser entre les populations africaines et Paris.

Bourgi souligne une réalité troublante : l’ingérence de la France dans les politiques intérieures de certains pays africains. L’exemple évoqué est celui de la Côte d’Ivoire. « Laurent avait remporté les élections. Nous savons qu’il avait gagné, tout comme Jean Ping en 2016 à Libreville. Gbagbo avait gagné les élections, pas Ouattara ! », avait déclaré Robert Bourgi avant de rappeler comment la France a évincé le légitime président désigné par les Ivoiriens. Cette stratégie, qualifiée par certains de « Françafrique » a permis à Paris de maintenir une influence sur le continent, mais au prix d’une légitimité éthique de plus en plus remise en question. L’ancien président Nicolas Sarkozy est un exemple emblématique de cette approche. Accusé d’avoir établi des relations avec des dirigeants controversés, tels que le Libyen Mouammar Kadhafi et le Tchadien Idriss Déby, son mandat est devenu synonyme de scandales en Afrique.

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Un climat de méfiance croissant

Des révélations mettent en lumière des soupçons de financements illégaux lors de la campagne de Sarkozy en 2007, notamment des allégations de fonds libyens. Cette imbrication avec des dirigeants autoritaires soulève des questions sur la moralité de la politique étrangère française. Les accusations de corruption combinées à un soutien à des régimes répressifs, alimentent un sentiment de trahison chez de nombreux Africains. Pour beaucoup, ces actions ne sont pas simplement des scandales isolés, mais un symptôme d’un système profondément enraciné qui ne privilégie pas les intérêts des peuples.

Ces révélations ne favorisent pas l’instauration d’un climat de confiance entre les populations africaines et la France. Au contraire, elles renforcent l’idée que Paris n’a d’yeux que pour ses propres intérêts, au mépris des aspirations démocratiques et des droits fondamentaux des citoyens. Les mouvements populaires et les révoltes qui secouent le continent témoignent d’une exaspération croissante face à des gouvernements soutenus par une France jugée complice de leur oppression. L’idée que la France pourrait être un partenaire sincère dans la promotion de la démocratie apparaît de plus en plus comme une illusion.

Pour redresser cette situation, la France doit impérativement revoir sa politique étrangère envers l’Afrique. Cela signifie s’engager à soutenir des gouvernements qui respectent les droits humains et à établir des relations basées sur la transparence et l’égalité. Une nouvelle approche, qui valorise les voix africaines et soutient les initiatives locales, pourrait contribuer à restaurer un certain niveau de confiance.

  • Les déclarations de Robert Bourgi et les accusations pesant sur Nicolas Sarkozy illustrent un défi majeur pour la France : sortir d’une logique de relations « incestueuses » qui nourrit la méfiance et le ressentiment. Pour espérer bâtir des partenariats solides et durables en Afrique, Paris doit se libérer de ses pratiques passées et adopter une diplomatie respectueuse des aspirations et des droits des peuples africains. C’est seulement ainsi que la France pourra espérer reconstruire un lien authentique et constructif avec le continent.

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