Les BRICS+ intensifient leur offensive contre l’hégémonie du dollar

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Le mouvement de dédollarisation, cette volonté de certaines économies émergentes de s’affranchir du dollar américain comme monnaie dominante dans les échanges internationaux, prend une nouvelle ampleur. Les BRICS+, qui pèsent désormais 30% de la richesse mondiale et représentent 45% de la population globale, ont placé cet objectif au cœur de leur quinzième sommet qui s’est ouvert le 22 octobre à Kazan, en Russie. Avec l’arrivée cette année de nouveaux membres comme l’Éthiopie, l’Égypte et l’Iran, cette alliance économique cherche à redéfinir les règles du jeu monétaire international.

Une stratégie multipolaire face aux sanctions occidentales

La dépendance au dollar constitue une préoccupation majeure pour les pays membres des BRICS+, particulièrement pour la Russie. Vladimir Poutine, qui a rencontré la présidente de la Nouvelle banque de développement Dilma Rousseff lors du sommet, a souligné l’importance vitale d’augmenter les transactions en devises nationales. Cette démarche vise notamment à contourner les sanctions financières imposées à Moscou depuis le début du conflit en Ukraine. La multiplication des échanges en monnaies locales apparaît comme un outil stratégique pour réduire l’exposition aux pressions économiques occidentales.

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Les défis d’une transition monétaire mondiale

Les BRICS+ envisagent plusieurs options pour réduire leur dépendance au dollar. Bruno Cabrillac, directeur général de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international, évoque la possibilité d’une monnaie composite de réserve. Cette solution intermédiaire permettrait aux pays membres d’échapper partiellement aux sanctions américaines, sans nécessiter l’intégration économique profonde qu’exigerait une monnaie unique. Une telle évolution menacerait directement le statut privilégié du dollar américain dans l’économie mondiale.

Pour les États-Unis, les conséquences d’une dédollarisation accélérée seraient considérables. La domination du dollar permet à Washington de financer ses déficits à moindre coût et d’exercer une influence déterminante sur les marchés financiers mondiaux. Une diminution significative de l’utilisation du dollar dans les échanges internationaux pourrait affaiblir la capacité américaine à maintenir des taux d’intérêt bas et à gérer sa dette publique. Cette érosion du pouvoir monétaire américain risquerait également de réduire l’efficacité des sanctions économiques comme outil de politique étrangère, bouleversant ainsi les équilibres géopolitiques établis depuis plusieurs décennies.

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