En décembre 1968, la France et l’Algérie signaient un accord régulant l’immigration algérienne vers la France, une entente devenue aujourd’hui un point de friction notable entre les deux nations. Plus d’un demi-siècle plus tard, cet accord se retrouve au cœur d’une controverse exacerbée par les forces politiques de droite et d’extrême droite en France, qui le jugent trop clément envers l’Algérie. Ces tensions ne sont que les dernières en date dans une histoire longue et complexe de relations franco-algériennes marquées par la colonisation et ses séquelles.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, s’est exprimé avec véhémence contre les critiques récentes émanant de la France, lors d’un entretien qui sera diffusé intégralement sur la Télévision algérienne. Qualifiant l’accord de « épouvantail », il accuse ses détracteurs de se cacher derrière pour attiser les sentiments anti-algériens : « C’est l’étendard derrière lequel se cache l’armée des extrémistes », a-t-il déclaré, dans un langage qui résonne avec l’histoire coloniale douloureuse entre les deux pays.
Cette escalade intervient alors que des voix, comme celle de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français et membre du parti Les Républicains, appellent à une dénonciation unilatérale de l’accord, prônant même une approche qui risquerait de rompre les relations diplomatiques pour forcer la main à l’Algérie sur d’autres dossiers épineux comme la délivrance des laissez-passer consulaires.
Le gouvernement français affirme rencontrer des difficultés à obtenir la coopération algérienne dans la gestion des ressortissants algériens faisant l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), et a réduit drastiquement les visas en conséquence, une mesure rappelant les tensions de septembre 2021.
La réplique de Tebboune met en lumière non seulement les tensions actuelles mais aussi le fardeau historique des relations post-coloniales. Son refus catégorique de renégocier l’accord existant, affirmé dans une entrevue au Figaro en décembre 2022, souligne un désir de respect mutuel et de souveraineté, contrastant avec les méthodes parfois perçues comme néocoloniales de la France.
Les déclarations du président algérien et les actions du gouvernement français pourraient signaler une nouvelle ère de défis diplomatiques entre les deux nations, avec potentiellement des conséquences durables pour les communautés algériennes en France et les relations bilatérales.
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