Maghreb: la Chine remporte une victoire face à la France

L'intérieur d'une voiture Chery. Photo : DR

La rivalité entre la Chine et l’Occident en Afrique se manifeste depuis plusieurs années à travers des investissements, des accords commerciaux et des projets d’infrastructure. La Chine a adopté une approche volontariste, proposant des financements et des partenariats à de nombreux pays africains. Cette stratégie lui a permis de gagner du terrain face aux anciennes puissances coloniales européennes, dont la France, qui voit son influence historique diminuer progressivement. Dans ce contexte, le Maghreb est devenu un espace de compétition économique où chaque avancée commerciale ou industrielle revêt une importance géopolitique.

Chery s’implante dans l’industrie automobile algérienne

L’obtention par Chery de l’agrément pour produire localement des véhicules en Algérie marque une évolution dans la dynamique d’influence entre la Chine et la France au Maghreb. Le constructeur chinois a reçu l’autorisation de fabriquer des véhicules de tourisme et utilitaires légers sur le sol algérien, conformément au décret exécutif 24-159. Cette décision positionne Chery comme un acteur important dans le nouveau paysage industriel automobile du pays.

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Le projet de Chery va au-delà de la production de véhicules. L’entreprise annonce des « solutions innovantes et durables« , en adéquation avec l’objectif algérien de développer une industrie automobile stable. Cette approche, associée à une mise en œuvre rapide, pourrait contribuer à résoudre les difficultés que connaît le secteur depuis plusieurs années.

Renault face à des obstacles : un défi pour la présence française

Alors que Chery avance dans ses projets, l’usine Renault de Oued Tlelat, près d’Oran, demeure inactive depuis 2020. Malgré un investissement de 15 milliards de dinars et des travaux de modernisation réalisés en 2023, le constructeur français est toujours en attente de son agrément ministériel. Cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontés les acteurs établis face aux évolutions économiques et réglementaires en Algérie.

Le ministre de l’Industrie, Ali Aoun, maintient une position d’attente concernant Renault, évoquant une mise à niveau en cours sans préciser de calendrier. Ce manque de visibilité contraste avec l’avancement du dossier Chery, suggérant une possible évolution dans les relations économiques franco-algériennes.

Un secteur automobile en transformation

La réorganisation du secteur automobile algérien s’inscrit dans un cadre réglementaire modifié. L’abandon du dispositif préférentiel pour l’importation des kits SKD/CKD et la mise en place d’une nouvelle réglementation en novembre 2022 ont changé les règles. Ces modifications semblent avoir été perçues comme une opportunité par les constructeurs chinois, qui se positionnent comme des partenaires potentiels du développement industriel algérien.

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L’implantation de Chery vise à répondre aux besoins du marché automobile national. Le constructeur prévoit de satisfaire la demande via les quotas existants et sa production locale. Cette approche pourrait influencer le marché des véhicules d’occasion, actuellement caractérisé par une hausse des prix due à la rareté des voitures neuves.

L’avancée de Chery en Algérie s’inscrit dans le mouvement plus large de l’expansion économique chinoise en Afrique. Elle témoigne de la capacité de la Chine à s’adapter aux nouvelles réglementations et à proposer des solutions aux enjeux industriels locaux. Pour la France, cette situation représente un défi : son influence traditionnelle au Maghreb est désormais concurrencée par la présence croissante de la Chine, qui propose des partenariats industriels réactifs.

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