Maghreb : un sous-marin nucléaire français débarque sur ces côtes

LP/Arnaud Dumontier

Les relations entre la France et le Maghreb s’inscrivent dans une histoire complexe, marquée par la colonisation, la décolonisation et des décennies de coopération parfois tumultueuse. La France maintient des liens étroits avec ses anciennes colonies, notamment le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, à travers des partenariats économiques, culturels et militaires. Ces relations ont connu des hauts et des bas au fil des années, influencées par des facteurs tels que les enjeux migratoires, les intérêts économiques et les questions de sécurité régionale. Dans ce contexte, la coopération militaire entre la France et le Maroc prend une nouvelle dimension avec l’exercice naval Chebec 2024, marquant une évolution significative dans leurs relations stratégiques.

Une collaboration militaire renforcée

La trentième édition de l’exercice Chebec, prévue du 7 au 13 octobre 2024, témoigne d’un renforcement notable de la coopération entre la Marine nationale française et son homologue marocaine. Pour la première fois depuis le début de ces manœuvres conjointes, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français participera aux opérations. Cette décision marque une étape importante dans le partage de technologies et de compétences militaires avancées entre les deux nations.

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L’exercice se déroulera en deux phases distinctes. La première se tiendra à quai à Casablanca, où les unités de surface des deux marines se réuniront. La seconde phase verra les navires évoluer en mer d’Alboran, le long des côtes méditerranéennes du Maroc. Cette progression géographique permet aux équipages de s’adapter à différents environnements opérationnels, renforçant ainsi leur polyvalence et leur capacité à collaborer dans diverses conditions.

Des capacités navales en synergie

L’introduction d’un volet de lutte anti-sous-marine dans l’exercice Chebec 2024 souligne l’ambition partagée du Maroc et de la France de développer leurs capacités dans ce domaine crucial. Les deux marines disposent désormais de moyens de détection et de neutralisation sous-marines, ce qui ouvre la voie à des échanges techniques et tactiques plus poussés. Le Maroc pourrait déployer ses corvettes de classe SIGMA, équipées de sonars de coque KingKlip, ou le navire Mohammed VI, doté d’un sonar UMS 4110 et d’un système remorqué Captas-4.

Du côté français, outre le sous-marin nucléaire d’attaque, probablement de la classe Rubis, une frégate de type La Fayette participera aux manœuvres. Cette configuration permet aux deux marines de travailler sur l’interopérabilité de leurs systèmes et d’affiner leurs procédures conjointes. L’objectif affiché est de renforcer la capacité des deux nations à opérer ensemble efficacement, notamment en cas de crise maritime nécessitant une réponse coordonnée.

Implications régionales et perspectives

L’engagement d’un sous-marin nucléaire français dans ces eaux revêt une importance stratégique considérable. Il témoigne de la confiance mutuelle entre Paris et Rabat, tout en envoyant un message fort aux autres acteurs régionaux. Cette démonstration de force pourrait influencer les dynamiques sécuritaires en Méditerranée occidentale et dans l’Atlantique nord-africain.

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La montée en puissance de ces activités de coopération opérationnelle reflète les ambitions maritimes croissantes du Maroc et le soutien de la France à cette évolution. Au-delà des aspects purement militaires, cet exercice pourrait avoir des répercussions sur les relations diplomatiques et économiques entre les deux pays. Il pourrait également susciter des réactions de la part d’autres nations du Maghreb, notamment l’Algérie, traditionnellement sensible aux questions de balance des pouvoirs dans la région.

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