L’African Growth and Opportunity Act incarne depuis 2000 la volonté américaine de stimuler le développement économique en Afrique subsaharienne à travers des avantages commerciaux. Cette loi ouvre le marché américain aux pays africains respectant certains critères démocratiques et économiques, avec des exonérations de droits de douane sur de nombreux produits. Le mécanisme profite aussi aux États-Unis qui y trouvent des opportunités d’investissement, une influence géopolitique accrue et des alternatives d’approvisionnement face à la montée en puissance chinoise sur le continent.
Le spectre d’un protectionnisme renforcé
Le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche soulève des inquiétudes majeures chez les producteurs africains. Sa promesse d’imposer des droits de douane d’au moins 10% sur toutes les importations aux États-Unis menace directement le renouvellement de l’AGOA, prévu pour 2025. L’industrie des agrumes sud-africaine redoute particulièrement cette perspective. Justin Chadwick, directeur de l’Association sud-africaine des producteurs d’agrumes, prévient qu’une exclusion du programme entraînerait la perte de milliers d’emplois ruraux et de recettes d’exportation estimées à 52 millions d’euros. Le secteur automobile, bien que concerné, affiche un optimisme mesuré. Ken Manners, du groupe SP Metal Forgings, mise sur la spécificité de ses produits et la fidélité des consommateurs américains pour maintenir sa compétitivité.
Des stratégies d’adaptation nécessaires
Les pays africains peuvent anticiper ce changement potentiel en diversifiant leurs marchés d’exportation vers l’Europe et l’Asie. Le développement des échanges intra-africains, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), offre une alternative prometteuse. Les entreprises doivent également investir dans l’innovation et la montée en gamme de leurs produits pour réduire leur dépendance aux avantages tarifaires. La création de partenariats stratégiques avec des entreprises américaines pourrait aussi renforcer leur position sur le marché américain.
Les négociations commerciales comme bouclier
Face aux incertitudes liées à l’AGOA, les nations africaines gagneraient à multiplier les accords commerciaux avec d’autres partenaires. L’Union européenne, le Royaume-Uni et les pays du Golfe représentent des marchés alternatifs attractifs. Les négociations avec ces partenaires pourraient inclure des clauses favorables aux secteurs actuellement dépendants de l’AGOA. L’intensification des échanges avec les économies émergentes comme l’Inde, le Brésil ou la Turquie offrirait également de nouveaux débouchés. Cette diversification des partenariats commerciaux permettrait aux industries africaines de réduire leur vulnérabilité face aux changements de politique commerciale américaine.
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