L’Algérie et le Maroc poursuivent leur course aux armements avec une intensité croissante. Ces dernières années, les deux pays ont multiplié les acquisitions d’équipements militaires sophistiqués : drones, systèmes de défense aérienne, chars de combat et navires de guerre. L’Algérie mise particulièrement sur sa force navale avec une flotte de sous-marins modernes, tandis que le Maroc renforce ses capacités terrestres et aériennes grâce à des partenariats avec les États-Unis et Israël. Cette dynamique d’armement transforme profondément l’équilibre des forces dans la région, suscitant l’attention des observateurs internationaux.
Une rivalité centrée sur la frontière algéro-marocaine
L’amiral Juan Rodríguez Garat, ancien officier supérieur de la marine espagnole devenu analyste de défense, livre une analyse détaillée des véritables enjeux de ce réarmement. Selon lui, contrairement aux inquiétudes exprimées en Espagne, le Maroc ne constitue pas une menace militaire directe pour Madrid. Les choix d’équipements militaires du royaume chérifien révèlent ses préoccupations réelles : la frontière avec l’Algérie et la question du Sahara occidental. L’acquisition de lance-roquettes à longue portée, particulièrement adaptés aux combats en zone désertique, illustre cette orientation stratégique. De même, l’achat de frégates anti-sous-marines par le Maroc répond directement à la capacité sous-marine algérienne.
Les tensions avec l’Espagne : une stratégie de diversion
Le royaume chérifien utilise certes des tactiques de pression envers l’Espagne, notamment autour des enclaves de Ceuta et Melilla. Ces manœuvres, qualifiées de « guerre hybride » par l’amiral Garat, incluent la manipulation des flux migratoires et des revendications territoriales occasionnelles. Toutefois, ces actions relèvent davantage d’une stratégie de politique intérieure visant à détourner l’attention de la population marocaine de ses difficultés quotidiennes. L’absence de sous-marins dans l’arsenal marocain constitue, selon l’expert espagnol, une preuve supplémentaire du caractère limité des ambitions militaires du royaume envers l’Europe. Cette arme, considérée comme « l’arme des faibles par excellence », serait indispensable pour toute nation nourrissant des visées expansionnistes maritimes.
L’impératif d’une culture de défense européenne
L’amiral Garat souligne la nécessité pour les Européens de développer une conscience aigüe des enjeux de défense. Il rappelle la maxime de Végétius, stratège romain : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Cette sagesse millénaire prend une résonance particulière dans le contexte actuel, où certains acteurs tentent d’exploiter les divisions au sein de l’OTAN. Les revendications marocaines sur Ceuta et Melilla, tout comme les débats sur le financement de la défense européenne, participent selon lui à cette dynamique de déstabilisation. Pour l’ancien officier, la réponse passe par une meilleure compréhension des réalités géopolitiques internationales. Les citoyens européens doivent porter leur regard au-delà de leurs frontières pour saisir l’importance d’une défense crédible, garante de la paix. L’exemple des faiblesses révélées par divers conflits récents démontre la pertinence de cet avertissement.
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