La relation franco-allemande, marquée par trois guerres majeures entre 1870 et 1945, a longtemps oscillé entre rivalité et coopération. Après la Seconde Guerre mondiale, les deux nations ont forgé une alliance stratégique, notamment à travers le couple franco-allemand au cœur de la construction européenne. Cette entente reposait sur un équilibre minutieux des forces, particulièrement dans le domaine militaire, où les deux pays maintenaient des budgets de défense comparables malgré une économie allemande 40% plus importante que celle de la France.
Les conséquences géopolitiques d’un nouveau rapport de force
L’émergence de l’Allemagne comme première puissance militaire européenne redessinerait la carte géopolitique du continent. Les élections législatives anticipées de mars 2025 pourraient catalyser cette transformation, avec la CDU-CSU de Friedrich Merz, favorable à une hausse substantielle des dépenses militaires, créditée de 33% des intentions de vote. Cette mutation stratégique, soutenue par Washington qui exhorte ses alliés européens à renforcer leurs capacités militaires, marquerait une rupture avec soixante-quinze ans d’histoire partagée. La stabilité politique allemande, en net contraste avec les remous français, amplifie ce basculement historique.
Un fossé économique grandissant
La France se heurte à des obstacles économiques majeurs qui entravent ses ambitions militaires. Avec une dette qui dépasse 110% du PIB et un déficit annuel excédant 5%, le pays peine à maintenir sa position stratégique. Le ministère des Armées projette un budget de défense de 2,25% du PIB en 2030, un objectif qui paraît modeste face aux nouvelles ambitions allemandes. Pour préserver la parité avec Berlin en valeur absolue, Paris devrait porter son effort de défense à 4,5% du PIB, un défi quasi insurmontable dans le contexte actuel.
Le revirement stratégique allemand
Un changement radical s’opère dans la pensée militaire allemande. Boris Pistorius, ministre de la Défense devenu la personnalité politique la plus populaire du pays, préconise une augmentation du budget militaire à 3% du PIB. Cette position trouve un écho favorable auprès de l’opinion publique et transcende les clivages politiques traditionnels. Même Annalena Baerbock, figure de proue des Verts et ministre des Affaires étrangères, soutient le renforcement de la Bundeswehr, témoignant d’une évolution profonde des mentalités dans un pays longtemps réticent aux questions militaires.
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