Lors de sa visite au Bénin, Ben Saul, rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans la lutte antiterroriste, a examiné de près les conditions de détention des personnes inculpées pour terrorisme. À la prison civile d’Akpro-Missérété, l’une des plus sécurisées du pays, il a rencontré la majorité des 652 détenus provisoires pour terrorisme, parmi lesquels figurent 22 femmes.
Ben Saul a noté un certain assouplissement des conditions de sécurité dans les prisons béninoises. Contrairement à des pratiques plus restrictives, les détenus pour terrorisme sont désormais intégrés à la population carcérale générale et ne font pas l’objet de mesures de sécurité particulières. Selon lui, cette approche reflète la présomption d’innocence et l’absence de perception de ces détenus comme une menace immédiate.
Cependant, des préoccupations subsistent. Un garçon de 14 ans, arrêté avec son père alors qu’il n’avait que 13 ans, a été aperçu parmi les détenus, en violation de la Convention internationale des droits de l’enfant, qui exige la séparation des mineurs des adultes, sauf si cela est dans leur intérêt supérieur.
La prison d’Akpro-Missérété compte 609 détenus provisoires pour terrorisme, sur un total de 10 condamnés au niveau national. Ce chiffre illustre la surpopulation carcérale et la lenteur des procédures judiciaires. Pour y remédier, le gouvernement béninois a initié des travaux d’extension et de réhabilitation de plusieurs établissements pénitentiaires, visant à améliorer la dignité et les conditions de vie des détenus.
Ben Saul a également exprimé ses inquiétudes concernant des arrestations parfois dénuées de motifs valables, une situation qui pourrait constituer une privation arbitraire de liberté. Il a rappelé qu’en août 2023, 127 personnes initialement arrêtées pour terrorisme avaient été libérées, ce qui pourrait indiquer des détentions injustifiées. Le rapporteur a encouragé le Bénin à poursuivre ses efforts pour respecter les normes internationales, notamment les règles Mandela, tout en assurant un suivi judiciaire rigoureux des affaires liées au terrorisme. Cette démarche est essentielle pour garantir un équilibre entre la sécurité nationale et le respect des droits humains.
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