Les exportations françaises de blé vers l’Algérie connaissent une chute historique, marquant un tournant dans les relations commerciales entre les deux pays. Les chiffres des Douanes françaises sont éloquents : seulement 31.500 tonnes de blé français ont été achetées par l’Algérie en 2024, un volume en net recul par rapport aux années précédentes.
La situation préoccupe particulièrement les professionnels du secteur, alors que l’Algérie représentait traditionnellement un débouché majeur pour la filière céréalière française. Les volumes d’exportation, qui oscillaient entre 2 et 6 millions de tonnes dans les années 2010, se sont progressivement contractés pour atteindre 1,6 à 1,8 million de tonnes ces dernières années.
Le contexte diplomatique semble jouer un rôle déterminant dans cette évolution. Les tensions entre Paris et Alger se sont accentuées après le soutien public d’Emmanuel Macron à la position marocaine sur le Sahara occidental. Cette situation a notamment conduit l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) à ne plus transmettre certains appels d’offres aux opérateurs français, comme le souligne Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé pour les grandes cultures au sein de FranceAgriMer.
Face à cette nouvelle donne, la filière céréalière française cherche à diversifier ses débouchés. Le Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne apparaissent comme des marchés alternatifs prometteurs. Les relations commerciales avec Rabat se sont d’ailleurs récemment renforcées, notamment à travers la signature d’un mémorandum d’entente visant à développer la coopération dans le domaine de la recherche agronomique.
De son côté, l’Algérie poursuit sa stratégie d’autonomie alimentaire. Le pays ambitionne d’atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici 2025, avec un programme d’expansion agricole prévoyant la mise en valeur d’un million d’hectares de terres dans le sud du pays à l’horizon 2028. Un partenariat avec la société italienne Bonifiche Ferraresi a déjà été établi pour développer la production de blé dur sur 36.000 hectares irrigués.
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