OQTF au Maghreb: les conseils d’une députée française

Assemblée nationale française (Photo de CHRISTOPHE ARCHAMBAULT POOL/AFP)

Au cours des deux dernières décennies, la politique migratoire européenne a connu une transformation radicale. La montée des partis d’extrême droite dans de nombreux pays membres a progressivement poussé les gouvernements traditionnels à durcir leur position sur l’immigration. Cette évolution a engendré une multiplication des mesures restrictives : renforcement des contrôles aux frontières, augmentation des expulsions et création de nouveaux dispositifs juridiques pour faciliter les retours. La France, comme ses voisins européens, a ainsi développé les Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), un outil administratif devenu central dans sa stratégie migratoire.

L’écueil des laissez-passer consulaires

Le nouveau rapport parlementaire de Brigitte Klinkert sur la mission « Immigration, asile et intégration » met en lumière les dysfonctionnements majeurs du système d’éloignement français. Avec seulement 7,5% d’étrangers effectivement expulsés contre 19% dans l’Union européenne, la France peine à exécuter ses OQTF. La raison principale réside dans l’obtention des laissez-passer consulaires, documents indispensables délivrés par les pays d’origine. Cette problématique a particulièrement marqué l’opinion publique en septembre dernier, lors du meurtre de Philippine à Paris, dont le suspect, un ressortissant marocain, faisait l’objet d’une OQTF non exécutée.

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Pour une nouvelle approche diplomatique

La députée du Haut-Rhin préconise une refonte complète de l’approche française envers les pays du Maghreb. Les tentatives de pression, notamment la restriction des visas en 2021-2022, ont eu l’effet inverse de celui escompté, détériorant les relations diplomatiques, particulièrement avec l’Algérie. Brigitte Klinkert propose l’établissement d’une plateforme de dialogue politique permanent avec ces nations. Elle met en garde contre la tentation de conditionner l’aide au développement à la délivrance des laissez-passer consulaires, estimant que cette stratégie risquerait d’aggraver les conditions économiques locales et, paradoxalement, d’alimenter de nouveaux flux migratoires. La récente visite d’Emmanuel Macron au Maroc illustre cette nouvelle orientation diplomatique, ayant permis de renouer le dialogue et d’envisager une meilleure coordination sur la question des retours. Cette approche pragmatique souligne la nécessité de considérer les pays du Maghreb comme des partenaires essentiels dans la gestion des flux migratoires, plutôt que comme de simples exécutants des politiques européennes.

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