Le conflit en Ukraine, déclenché en février 2022, marque le retour d’affrontements majeurs sur le sol européen. Après deux années de combats acharnés, le bilan est lourd : des centaines de milliers de victimes, environ dix millions d’Ukrainiens ayant quitté leur pays, et des territoires disputés entre les forces ukrainiennes et russes. Cette guerre, qui fait suite aux tensions territoriales de 2014 en Crimée, a bouleversé l’équilibre géopolitique du continent et mobilisé le soutien occidental autour de Kiev.
Les perspectives d’une négociation inévitable
Dans une interview accordée à 20minutes.fr, Yves Boyer, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, dresse un tableau sans concession de la situation. Selon lui, l’hypothèse d’une victoire ukrainienne portée par le soutien occidental s’éloigne. La désaffection croissante des alliés, associée à l’arrivée probable de Donald Trump à la Maison Blanche, fragilise la position de Kiev. Les futures tractations diplomatiques devraient dépasser le cadre ukrainien pour englober des enjeux de sécurité européenne et d’armement stratégique. Un changement politique pourrait s’opérer à Kiev, avec le remplacement potentiel de Volodymyr Zelensky par Valeri Zaloujny, considéré comme un interlocuteur plus acceptable pour Moscou.
Une transformation tactique déterminante
Les forces russes ont transformé leur approche du conflit. Leur nouvelle stratégie privilégie désormais des unités mobiles de huit à dix motos qui contournent les positions ennemies plutôt que de les affronter frontalement. Cette méthode, associée à l’utilisation intensive de drones, produit des résultats significatifs sur un front de mille kilomètres. Les experts anticipent la prise imminente des villes stratégiques de Kourakhove et Pokrovsk, laissant présager un contrôle russe total sur le Donbass.
Le déclin des forces ukrainiennes
Les signes d’épuisement de l’armée ukrainienne se multiplient. Les statistiques du bureau du procureur général d’Ukraine révèlent une augmentation alarmante des désertions : plus de 15 500 cas entre janvier et août 2024, contre 3 300 en 2022. Les unités d’élite, piliers de la résistance initiale, ont subi des pertes massives. Les nouvelles recrues, dont l’âge moyen atteint 45 ans, peinent à maintenir l’efficacité opérationnelle. Boyer souligne que malgré quelques succès ponctuels, comme les frappes de drones sur Moscou, ces actions ne modifient pas l’équilibre général des forces. La situation est aggravée par les méthodes de recrutement forcé dans les rues, où des commissaires contrôlent l’identité des hommes pour les envoyer au front avec une formation minimale.
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